L'histoire :
Jeune princesse à la silhouette élancée, fille du roi Alcinoos, Nausicaa traine son vague à l’âme le long du littoral de Phéacie, en marchant les pieds dans l’eau. Soudain, elle aperçoit un corps qui flotte entre deux eaux. L’homme nu et barbu est encore en vie. Cet étranger désarmé est recueilli et soigné par la cour du roi Alcinoos. Lors d’un banquet donné pour l’accueillir, il se présente, Ulysse. Les jours suivants seront utiles pour raconter son prodigieux périple. Nausicaa est totalement sous le charme. Ulysse dit venir d’un royaume magnifique dont il était le roi et où il était heureux, une île qui s’appelle Ythaque. Mais alors, si le bonheur l’irradiait, pourquoi avoir quitté cet endroit, interrompt Nausicaa. Ulysse explique qu’il y eut une guerre contre le royaume de Troie, notamment à cause d’une femme, et qu’il dut s’exiler pour mener bataille. Il raconte les hauts murs de la forteresse impénétrable et le stratagème habile qu’ils ont utilisé pour y pénétrer : un immense cheval en bois, laissé devant les murailles comme une offrande. Ce dernier était creux et dissimulait discrètement en son sein un groupe de guerriers…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Publié une première fois en 2011 chez Pavesio, Nausicaa bénéficie aujourd’hui d’une réédition en grand format – à la hauteur de l’époustouflant travail graphique – chez Futuropolis. Le scénario de l’italien Bepi Vigna fait une variation autour de l’Odyssée d’Ulysse, mâtinée de romance. En effet, ici, le roi d’Ythaqe est retrouvé à moitié noyé par Nausicaa, princesse de Phéacie, qui en tombe de plus en plus amoureuse, à fur et à mesure que le célèbre et ténébreux guerrier narre son périple. Ulysse raconte le cheval de Troie, les cyclopes, les géants, Circée la magicienne, le chant des sirènes… et il répond à l’amour dévorant que lui voue Nausicaa en consommant avec elle. Mais cette relation impossible a-t-elle un avenir ? Cette relecture serait un tantinet convenue – car les chants d’Homère ont été maintes fois adaptés et les histoires d’amour impossible pullulent – s’il ne bénéficiait du dessin ultra stylisé d’Andrea Serio… qui a mis ensuite 10 ans avant de republier une seconde BD (Rhapsodie en bleu). Cette griffe surprenante, faite de formes quasi géométriques et d’une sacrée domestication du pastel et des craies, est totalement inspirée de celle de Lorenzo Mattotti. L’artiste revient sur le laborieux travail qui lui a demandé deux ans de remise en question et d’errements, dans une postface agrémentée de nombreux croquis d’étude.
