L'histoire :
En janvier 1980, Ringo Starr joue les acteurs sur le plateau d’un film d’heroïc-fantasy, lorsqu’il apprend à la radio que son ex-comparse des Beatles, Paul McCartney a été arrêté et emprisonné au Japon, pour possession de marijuana, alors qu’il était en tournée avec son nouveau groupe, les Wings. Pendant ce temps, John Lennon prend du bon temps avec son fils Sean sur son voilier au large des Bermudes. Depuis que son fils est né, il se consacre à sa famille. Mais l’envie de reprendre du service le travaille. Il tente d’enregistrer des essais de chansons et il évoque même cette idée de retour en interview. Cela dit, en est-il seulement capable ? Il est envieux du succès de Paul, avec son nouveau groupe. Le lendemain, il reprend la mer alors qu’une tempête se lève. Le voilier est diablement chahuté et John est assommé par une poulie qui vient de rompre. Il perd connaissance et il rêve. Il imagine rendre visite à Paul, dans son cottage tranquille de l’île de Mull en Ecosse. John demande alors à Paul de produire son nouvel album. Vu le peu de nouvelle que lui a donné son ancien camarade des Beatles, Paul est dubitatif. Les deux musiciens règlent leurs comptes lorsque Linda, la femme de Paul rentre avec les enfants. John va rester pour le déjeuner…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le domaine des uchronies (l’histoire réinventée) n’est pas réservé qu’à Jean-Pierre Pécau et ses Jour J. Voilà qu’avec la complicité artistique de Julien Solé, le scénariste Hervé Bourhis imagine une reformation des Beatles pour produire un nouvel album, au cours de l’année charnière 1980, soit plus de 10 ans après leur séparation. Pour faire passer la pilule d’un tel fantasme, l’auteur prétexte une perte de connaissance de John Lennon : cette reformation artistique est le résultat d’un long rêve, après que Lennon a été accidentellement assommé… et quelques semaines avant qu’il soit gratuitement assassiné, afin de raccrocher avec la triste authenticité (le 8 décembre 1980, devant son immeuble à New York, par un fan débile). Comme dans un rêve de fans – ce que sont nécessairement les auteurs – John, Paul, Ringo et George se retrouvent donc, lavent leur linge sale entre amis et acceptent de se remettre au turbin ensemble. Le récit est légèrement truculent, un peu « technique », car surtout diablement documenté et précis dans sa peinture des tranches de vie des quatre garçons dans le vent. Bourhis est un érudit sur le sujet – sur le rock et la pop-culture en général – et il le prouve une nouvelle fois. Ce one-shot original, bénéficiant d’un dessin dynamique et caricatural, encré et noir et blanc, fluctue ainsi entre la biographie décalée et le fan-hommage au premier grand groupe de pop-stars, devenu « plus célèbre que Jésus Christ ».
