L'histoire :
En septembre 1869, Antoine de Lunens est revenu en Araucanie (Patagonie), où il cherche à monter une révolution des peuples indigènes contre les winkas (les blancs, occupants chiliens). Dans une révélation, ce périgourdin d’origine a décidé de devenir roi de ce territoire ; et il se trouve que cette révélation a été partagée par le chef de clan Magnil. Aujourd’hui, toujours accompagné par son biographe Marcel, il part à la rencontre de Kilapan, le fils de Magnil et désormais chef des Mapuche. Dès la fonte des neiges, il traverse la cordillère des Andes et au terme d’un long voyage à cheval, il est accueilli en Araucanie. Il affirme à la tribu que des hommes et des armes vont arriver, envoyés par son pays pour aider les Mapuche dans leur guerre d’autonomie. Il est temps de réunir tous les autres lonkos, les chefs des autres tribus. Quelques anciens mettent toutefois en doute ses promesses. Est-il vraiment prince dans son pays ? Rien ne dit que la prophétie se réalisera. Antoine de Lunens a pourtant rédigé tout un programme, et il a déjà constitué son gouvernement ! Il veut réorganiser le travail, et faire entrer cette société archaïque dans une organisation moderne. De son côté, l’armée chilienne est au courant de l’intervention de ce français illuminé qui se considère comme roi. Et ils s’apprêtent à engager une offensive massive sur le territoire des Mapuche…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Baptisé Antoine « de Lunens » dans ce diptyque, le périgourdin Antoine de Tounens a authentiquement existé, avec son ambition mégalomane, extravagante et autocratique de devenir roi d’un vaste territoire d’Amérique du Sud, tandis que la France basculait du Second Empire vers la Troisième République. Le scénariste Christophe Dabitch s’est inspiré de ce destin épique et démentiel pour retranscrire une aventure aigre-douce au service des crayons colorés et expressifs de Nicolas Dumontheuil. « Aigre-douce » car le décorum et le ton sont plutôt joviaux… alors que le fond de cette histoire est pathétique. Pour autant, ce second tome n’apporte pas grand-chose de plus à la mise en place du premier opus. Comme c’était attendu et prévisible, notre roi de pacotille s’enferme de plus en plus dans sa posture impossible, et se retrouve progressivement suspect et disgracié par les autochtones, tandis que l’armée chilienne passe à l’offensive tragique. Jamais un parti ne sera véritablement tranché concernant sa folie ou son ambition. Le récit délaye la narration linéaire, sur un faux rythme indolent et durant 80 planches, jusqu’à abandonner « l’ex-roi d’Araucanie et de Patagonie » (c’est son épitaphe) en plein discrédit, bien loin de la réalité des livres d’Histoire (il a été rapatrié ruiné et stigmatisé en France par le consul, pour y mourir).