L'histoire :
Le coup de fil que reçoit Anna, un matin de 1984, va l'amener à s'installer, le dimanche suivant, dans un hôtel du Queyras, dont le propriétaire a une enveloppe à lui remettre. Le mystérieux émetteur de l'enveloppe est un vieil homme anglais nommé Winston Smith. Celui-ci logeait à Saint Véran depuis longtemps et a tenu à remettre à la mère d'Anna une lettre, de l'argent et quelques souvenirs, juste avant de disparaître. Il ignorait que la femme qu'il a connue est morte depuis quatre ans et que c'est sa fille qui répondrait à l'appel. Anna s'installe dans la chambre que l'homme occupait, encore remplie de ses affaires personnelles, payée d'avance pour plusieurs mois. Sans savoir quelle relation l'unissait à sa mère, elle plonge dans les documents, et découvre dans une malle un manuscrit intitulé Life - Les Confessions d'un imposteur. Elle découvre alors le récit d'une vie qui débute dans les salles de cours du collège Land Priors en Angleterre, où un jeune homme manquant de courage est le souffre-douleur de ses camarades, plus murs et assurés. Cet étudiant intelligent mais fragile est secrètement amoureux de la femme du directeur et se passionne en secret pour l'écriture. Anna plonge dans ces souvenirs qui ne sont pas les siens, fascinée mais ignorante du lien avec sa propre existence...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Christian Perrissin a construit ce récit prévu en six tomes sur la base de l'autobiographie de Winston Smith, choisissant de donner vie au personnage mystérieux dès ses années de collège. Effectivement, le temps s'écoule assez lentement dans ce premier volume, qui met en scène les événements qui devraient forger le regard de Smith sur lui-même. Une forme de conscience de sa propre lâcheté, qui ne l'empêche pourtant pas d'avancer, notamment ici dans la poursuite de ses études. L'introduction du personnage d'Anna permet de belles respirations dans le récit, le mystère étant entretenu sur la relation entre sa mère décédée et le vieil anglais. Les aller-retours entre les époques, lorsque la jeune femme se plonge dans le récit du jeune Winston Dover, sont fluides et réussis, très bien matérialisés par le jeu des couleurs d'Isabelle Merlet. Le dessin de Guillaume Martinez donne un ton plutôt classique à cette histoire sise au début du siècle dernier, sans esbroufe, avec parfois le plaisir partagé de jolis décors anglais. Ce début de saga très classique mais intéressant, montre une belle maîtrise technique mais n'a pas encore livré tout son potentiel dramatique. A suivre, néanmoins, car les jalons posés sont prometteurs...