L'histoire :
A l’Est de l’île de Tahiti, se trouve l’archipel des Tuamotu, un ensemble de 78 îles – ou plutôt atolls – habités par 11 000 polynésiens. En raison de la préservation relative des traditions et de son écosystème, cette région du monde a été reconnue par l’Unesco « Réserve de biosphère ». Benjamin Flao et Troubs ont décidé de passer quelques temps en ce lieu magique, afin de nous en restituer les ambiances et le patrimoine culturel. Le « prétexte » de leur carnet de voyage sera la reconstruction d’un voilier de type Va’a Motu, une pirogue dotée d’un flotteur latéral, quasiment disparu depuis l’avènement du bateau à moteur. Cet outil sera utile pour accomplir en douceur le programme scientifique prévu sur le lagon : sa cartographie 3D et le recensement des oiseaux marins. Les deux auteurs s’installent dans une maison de l’île de Fankarava, un tas de corail circulaire à peine plus haut que l’eau, au milieu duquel se trouve le paisible lagon. Ici, le rapport au temps est différent. Et les paysages magnifiques…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Benjamin Flao et Troubs, ces deux auteurs compères sont de sacrés fichus enfoirés de leur race. Sous prétexte de la réhabilitation d’une pirogue à voile, ils ont passé quelques semaines (quelques mois ?) au printemps 2014 sur un atoll des plus enchanteurs que porte notre planète. Et dès les premières pages, ils enfoncent bien le couteau dans la plaie : c’est féerique, il faut se laisser porter par le temps… le seul vrai petit hic, ce sont les moustiques. L’épais carnet de voyage qui en résulte alterne judicieusement les belles et géantes illustrations (souvent étalées sur de doubles pages) commentées par moult informations, et les brèves séquences de BD reportages. Grace aux nombreux textes informatifs manuscrits, l’ensemble est parfaitement didactique. L’album fait la part-belle à la culture locale, à la biodiversité, aux paysages de carte postale, aux rencontres riches avec des autochtones accueillants et disponibles… C’est franchement dépaysant, alors qu’on se trouve bel et bien en France. C’est franchement utile aussi, car à l’image des voiliers disparus, l’époque moderne fait s’échapper toutes les traditions à l’échelle d’une génération (l’éducation se délocalise, les moteurs se démocratisent). Evidemment, la finesse et l’équilibre des aquarelles de Flao tranchent carrément avec le trait plus brouillon et spontané de Troubs… mais l’alternance des deux se marie finalement fort bien et dynamise un voyage de papier génialement envoûtant. Futuropolis diversifie ainsi ses ouvrages dédiées aux voyages, en des contrées plus chaleureuses (au sens thermométrique du terme) que les récentes destinations de Lepage.
