L'histoire :
En juin 1857, Arthur Rimbaud a 3 ans. Il vit à Charleville-Mézières dans un grand appartement de centre-ville avec sa mère Vitalie, dont l’éducation est rigoriste, son grand frère Frédéric, de 1 an son aîné, et sa petite sœur Pauline, qui vient de naître. Le père, militaire, est la plupart du temps absent, en mission à l’étranger, dans des pays de langue arabe. La vie est austère pour le petit Arthur, ponctuée par les visites à la famille paysanne de sa mère, les leçons et les prières régulières. Les rares fois où son père rentre, sa mère lui hurle dessus. En 1859, c’est l’engueulade de trop : son père part, définitivement. Arthur assiste à cela, sans trop comprendre. Il se voue assidument aux études, pour lesquelles il a de grandes facilités. Il apprend aisément le latin, l’écriture, la géographie, l’Histoire… Il suscite l’étonnement de ses professeurs et un modèle de comparaison viable pour sa mère, vis-à-vis de son frère. Il lit le latin très jeune, se met à écrire des histoires, de la poésie, ce qui ne l’empêche pas de participer à des jeux et des petites bêtises de garçons…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sous-titré « Une vie » d’Arthur Rimbaud, ce Voleur de feu n’est pas précisément ce qu’on peut appeler une biographie. Si l’auteur complet Damien Cuvillier s’inspire des éléments authentiques de la vie du célèbre poète de la fin XIXème, durant sa jeunesse, il en invente tout autant. Il le précise d’ailleurs bien en préambule et en 4ème de couv : il remplit les vides en imaginant au plus véridique, afin de restituer au mieux l’esprit et les lettres de Rimbaud. Et pour le coup, c’est très crédible, notamment en raison d’un dessin hyper réaliste en couleurs directes, aussi documenté qu’abouti. Rares sont les ouvrages en 2023 qui poussent le degré artistique réaliste aussi loin, à l’aquarelle. Les paysages sont virtuoses, qu’il s’agisse de panoramas campagnards, de forêts ou de vue sur la majestueuse place Ducale de Charleville-Mézières. La première partie de cette non-biographie-mais-presque s’intéresse à la jeunesse de Rimbaud, jusqu’à la déclaration de guerre contre la Prusse en 1870 (Rimbaud a 13 ans) et sa séparation avec son professeur et mentor, Georges Izambard. Elle excelle aussi à attribuer des expressions faciales, souvent renfrognées (l’éducation rigoriste !), du gamin, présenté comme un prodige littéraire, qu’on appellerait aujourd’hui un HPI. Les quatre prochains tomes programmés nous emmèneront sans doute à tirer au révolver sur Verlaine et à nous livrer au trafic d’armes en Ethiopie. Car Rimbaud ne s’est pas contenté d’être un poète doué…