L'histoire :
Dans une forêt, un couple d’amoureux s’embrasse. Soudain, un coup de feu retentit, troublant leurs émois. Ils découvrent au pied d’un arbre un homme gisant dans son sang. Tué sur le coup, apparemment. L’homme et la jeune femme ne veulent pas appeler la police dans un premier temps, de peur d’être mêlés à cette affaire. Mais qui est cet homme, au juste ? Il s’agit de Serge Guérin, un quinquagénaire qui vivait seul, à Paris, avec son chat Mikado. Quelques jours auparavant, son quotidien est insupportable, à cause d’un mal qui le ronge : il est électro-sensible. Il souffre de troubles de la concentration, de la mémoire, d’insomnies, d’irritabilité, de migraines. Notre monde l’incommode, car peuplé de champs électromagnétiques, produit par les téléphones portables, les ordinateurs et autres antennes relais et télévisions... Un soir, son destin bascule pourtant. Une panne générale d’électricité survient dans son quartier. Il ne peut rentre chez lui car le digicode n’est pas opérationnel. Il se réfugie dans un hôtel. Pour la première fois depuis une éternité, il se sent bien ! Sa tête fonctionne à nouveau normalement. Il fait la connaissance d’une jeune femme, Claire, une autre réfugiée de la panne d’électricité…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jean-Claude Denis, président du prochain Festival BD d’Angoulème, est vraiment un auteur à part. Musicien à ses heures, il puise son inspiration dans son quotidien, en notant sur un carnet des évènements qu’il a vécu (par exemple : se retrouver à la porte de son immeuble parce que le digicode ne marche plus) ou auquel il a assisté (par exemple : un aveugle traverse un passage clouté à vive allure, muni de sa canne blanche, un soir de black-out électrique). Autant d’évènements que l’auteur se plaît à coller les uns aux autres à travers une trame narrative nourrie de flashbacks dont il a le secret. Le style Denis, c’est le fantastique du quotidien, avec une pointe de critique sociale et d’humour. Ici, il met au point une intrigue très hitchcockienne. En effet, Zone Blanche met en lumière notre dépendance technologique et dévoile tous nos comportements induits par une panne d’électricité. Plus de mobile, pas de télé, un éclairage à la bougie… Serge Guérin cherche la « Zone blanche », un lieu vierge de toutes ondes, où l’homme n’est pas envahi par la technologie, celle qui nous rend vassal. Côté dessin, Jean-Claude Denis reste fidèle à sa marque de fabrique : dessin réaliste, ligne claire, encrage épais, couleurs sobres… De toute évidence, Zone blanche est un album qui tranche dans le paysage bédéphile !
