L'histoire :
Rien ne va plus dans le monde d'Aya de Yopougon. La superbe villa de Bintou, alias Flora, la vedette de la série « Gâteuse de foyer » a été incendiée par des fans en furie. Leur colère venant du fait que le personnage de Flora prend les maris des autres, mais de la réalité à la fiction, il n'y a qu'un pas ! Après la manif sur le campus, Aya et Affoué ont été mises sous les verrous au commissariat. Monsieur Ignace, le père d'Aya, vient régler la caution et s'aperçoit qu'Affoué s'est faite passer pour la sœur d'Aya. Par conséquent, il doit payer deux cautions ! Et quand il apprend qu'il y aura un procès, ça le met en rogne ! En rentrant, Ignace grommèle... et le lendemain matin, Aya a disparu. Fanta, sa mère apostrophe Ignace, car si ça se trouve, elle est partie à cause des remontrances de la veille ! De son côté, le commissaire Kouamé est alerté car on vient de découvrir sur la plage... Moussa Sissoko. Quand sa mère arrive sur place, elle apprend qu'il est sur le billard parce qu'il a reçu un gros choc à la tête et qu'il a de l'eau dans les poumons. Elle tombe dans les pommes et se fait hospitaliser dans la foulée. Quant à Albert, il se réveille dans une table chez le soi-disant guérisseur chargé par son père de le soigner par le mal. À Paris, Innocent envisage de se marier avec Sabine, pour rester en France, au grand désespoir de Seb, son amoureux.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ah Aya ! Elle n'en loupe pas une depuis son retour en fanfare en 2022. C'est le théâtre des émotions dans le quartier de Yopougon ! En reprenant du service après de longues années d'abstinence, le duo Clément Oubrerie/ Marguerite Abouet est plus affûté que jamais. Ça fourmille d'idées, en mode coupé décalé, avec l'art de palabre dans chaque case. L'effet est garanti ! D'emblée, les différentes intrigues sont posées avec Moussa, Cyprien, Bantou, Innocent et compagnie. Ensuite, on se demande comment tout cela va s'orchestrer ! Les dialogues chatoyants de Marguerite Abouet agrémentés d'expressions ivoiriennes, imagées à souhait, distillées au gré des planches (« Prête-moi ton palabre », « Love serré », « Gâter ton nom »). La scénariste d'Akissi n'oublie pas, au passage, de mettre en scène les valeurs féministes, montrant que la société ivoirienne évolue. mais ce n'est pas tout... D'autres thèmes sont abordés, comme l'homosexualité, les marabouts, le mariage blanc... Qu'on se le dise, Aya de Yopougon est une BD à dimension sociale. Le trait de Clément Oubrerie est totalement libéré, il se laisse aller dans son expression graphique, c'est relâche ! Ses personnages sont plein d'énergie : Aya est belle et longiligne, Innocent est extra dans ses accoutrements Michaeljacksonesques, Bintou en fait des caisses. On ne s'ennuie pas une seconde. On prolonge le plaisir avec le bonus ivoirien à base de lexique et d'éclairage sur la marche des femmes de Grand-Bassam. Aya, on en redemande !