L'histoire :
C’est certain, elle en a désormais la preuve formelle : Mamadou est l’amant de la femme de son prof de biologie. Faut-il qu’elle le dise à Adjoua, avec qui ce traitre a eu un enfant ? Toute à ses pensées, Aya traverse la rue sans faire attention à cette grosse voiture blanche… qui n’a pas le temps de l’éviter. Le conducteur affolé, un beau jeune homme, pense avoir tué notre ami. Mais la jeune femme se relève sans bobos apparents et refuse qu’on la conduise à l’hôpital : elle a d’autres chats à fouetter. Effectivement de retour chez elle, elle apprend que Féli vient d’être emmenée de force par Zékinan, son père, qui l’avait pourtant « cédée », il y a bien des années à la famille d’Aya. L’homme est persuadé que depuis qu’elle a remporté le titre de Miss Yopougon, Félicité est riche. Aussi, il prévoit pouvoir en tirer profit. Aya espère que son père ira rapidement régler la situation… Non loin de là, c’est Gervais qui conduit Jeanne, sa femme, dans sa nouvelle demeure, pour un premier examen de passage : supporter l’incorrigible caractère de sa nouvelle belle-mère. De son coté, Bintou participe au casting de Super Starstation pour devenir une des danseuses du groupe Alpha Blondy, tandis qu’à quelques 6000 km de là, à Paris, Innocent prépare le diner pour un petit tête à tête amoureux avec Sébastien…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A la manière des toutes bonnes séries TV, qui ont compris que pour nous rendre accro, il fallait faire reposer le propos sur des personnages à reliefs, Marguerite Abouet ne cesse, au fil de ses Aya, de nous rendre doux-dingue de cette grouillante communauté. Comme elle nous y a habitués depuis plusieurs albums, elle entremêle, avec malice, dynamisme et humanité, plusieurs intrigues autour des amis, oncles, frères, parents ou profs de sa sympathique ivoirienne : le projet de libérer Félicité, les histoires de cœurs de Gervais, Hervé, Mamadou, Albert, Innocent (…), le nouveau « job » de Grégoire et la rencontre d’un beau jeune homme pour notre Aya, scellent ainsi ce nouveau chapitre. Ce découpage haché, s’il déstabilise un peu la lecture au départ, devient un véritable atout : il permet de passer, en l’espace de 2 planches, d’une intrigue, d’un personnage ou d’un lieu à l’autre, sans s’essouffler. Et puis des intrigues se rejoignent, d’autres s’éloignent en une parfaite copie du quotidien de nos vies. Car outre la vision pétillante de la société africaine proposée par Marguerite Abouet (à des lieux du misérabilisme consensuel proposé habituellement pour ce continent), c’est bien l’universalité du propos qui nous touche : ce sentiment que sous toutes les latitudes et quelle que soit l’époque, on vit tous les mêmes péripéties. Au-delà, il y a ces dialogues uniques, drôles, colorés de mots exotiques ou de dictons savoureusement imagés et évidemment le trait chaleureux de Clément Oubrerie, parfait, relais de cette joie de vivre qui transpire inévitablement, quelle que soient les situations. Une série définitivement inévitable : dépêchez vous !