L'histoire :
Nice, baie des Anges. Sur la Promenade des Anglais, la ville chère à Dick Rivers s’éveille lentement sous un soleil matinal. Tandis que joggeuses, marchands et habitués du quartier reprennent leur routine, Mélissa et Candice, deux sœurs partageant le même appartement, commencent leur journée. Mélissa, pressée de sortir, s’inquiète pour son chat Buma, tandis que Candice, encore engourdie, subit les moqueries de sa sœur sur ses ronflements nocturnes. L’ambiance est légère, teintée d’une familiarité complice. En voiture, Mélissa dépose Candice à son travail avant de rendre visite à leur grand-mère. Le quartier vit au rythme des salutations échangées et des visages familiers. Entre rires et préoccupations, la journée ne fait que commencer pour elles. Pourtant, sous cette apparente simplicité, la ville recèle ses propres contrastes. Des bancs où dorment les sans-abri aux allées animées des commerçants, chaque coin de rue raconte une histoire.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans un monde souvent aveuglé par ses propres préoccupations, il est difficile de percevoir la réalité des autres et leurs luttes quotidiennes. Azur Asphalte de Sylvain Bordesoules nous invite avec justesse et pudeur à découvrir ces vies invisibles, loin des clichés. En racontant l’histoire de ses deux sœurs aînées, Candice et Mélissa, l'auteur nous plonge dans le quotidien de ces deux femmes courageuses qui, malgré des vies marquées par des galères sociales et personnelles, déploient des ressources humaines et émotionnelles impressionnantes. Si leurs parcours sont loin d’être simples — entre petits boulots, difficultés financières, problèmes familiaux et questionnements sur leur place dans la société — elles n’en sont pas moins fascinantes par leurs personnalités fortes, leur résilience et leur lucidité. Loin de tomber dans le misérabilisme ou le pathos, Sylvain Bordesoules, avec une rare délicatesse, nous montre ces femmes sous leur plus beau jour : celui où elles se battent pour se faire une place, sans jamais se laisser submerger par la difficulté. Le ton est sincère, sans jugement, comme un témoignage intime. Cette absence de condescendance donne à l’album une profondeur rare. Le dessin de Bordesoules, à la fois lumineux et sensible, est un autre atout majeur. Travaillant avec des feutres à alcool, l’auteur parvient à créer une ambiance solaire, toute en transparence et nuances, qui transcrit l’émotion brute sans fioriture. Ce choix technique donne à l’album une chaleur particulière, une dimension solaire, un contraste frappant avec la dureté du quotidien des personnages.
