L'histoire :
Devant un auditoire curieux et captivé, Boron et Blaise, deux chiens conteurs d'histoires, évoquent une chanson : la chanson de Renart. Le récit original est sous clé au Vatican. Mais que nenni ! Les deux énergumènes commencent leur récit... On retrouve le loup Ysengrim, occupé à trouver pitance pour sa louve et ses louveteaux restés dans la demeure familiale. Alerté par des « À l'aide ! », il regagne ses pénates et trouve sa belle, dame Hersent, sur une broche prête à être grillée. C'est Renart qui est derrière tout ça, se pourléchant les babines devant le mets qui lui tend les bras. Ysengrim sermonne son ami le traitant de zinzin. Face à son intransigeance, il libère Dame Hersent et renonce de facto à donner à manger, par là même, à son clan. Ysengrim raccompagne Renart au seuil de sa maison. Renart ne manque pas de maudire son ami et retrouve Hermeline, son épouse, Grymbart, sa sœur, Percehaie, Malebranche et Rovel, ses enfants...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Venu jusqu'à nous par tradition orale, Le Roman de Renart est un récit animalier véhiculé par les bardes et autres troubadours médiévaux, plutôt anticléricaux. Ces récits animaliers disparates ont été écrits et composés principalement en octosyllabes à rimes plates (!) A l'origine, ils critiquaient l'ordre social établi, parodiaient les chansons de gestes de l'époque et jetaient un pavé dans la mare en transgressant les tabous religieux. Qui, mieux que l'iconoclaste Joann Sfar, pouvait s'attaquer à ce récit né d'auteurs inconnus ? L'auteur du fameux Chat du rabbin s'empare de cette histoire avec son phrasé habituel n'hésitant à détourner le récit initial, en inscrivant un sous-contexte contemporain. Chose déjà initiée en adaptant à sa manière Le Petit Prince de Saint-Éxupéry ou encore Candide de Voltaire. Il projette ici Renart et Ysengrim dans un univers teinté d'héroïc fantasy, en remixant la Chanson de Rolland et le Roman de Renart, avec deux protagonistes qui se mettent en quête de retrouver le mythique Merlin l'enchanteur ! Au dessin, Sfar perpétue dans son style habituel un trait ciselé par des petites touches de crayons et des couleurs franches. Avec Sfar, pas d'entourloupes !