L'histoire :
Paris, Opéra Garnier, 1869… Alors que les spectateurs impatients affluent autour du prestigieux établissement, Edouard de Poligny, son directeur, s’apprête à passer la main. Dans quelques jours, en effet, il profitera d’une retraite méritée. Ce soir là, il règle donc avec son successeur les tous derniers détails administratifs avant son départ. Notamment, pour qu’il lui cède les clefs, il faut que le futur maitre des lieux appose sa signature en bas d’un étrange contrat. Un document qui l’enjoint à mettre à disposition du « Fantôme de l’Opéra », pour toutes les représentations, la loge n°5 et à lui verser chaque mois 20 000 francs. Le futur propriétaire croit évidemment immédiatement à une plaisanterie. Voire, au pire, à une maladroite tentative d’escroquerie. De Poligny lui conseille pourtant vivement de satisfaire la demande, au risque de s’attirer de gros ennuis. Il n’a jamais vu lui-même le personnage, mais il est, à l’inverse de son collègue, convaincu de son existence. D’ailleurs, l’un des machinistes a déjà aperçu un personnage à tête de mort, à plusieurs reprises. Faut-il voir dans ce témoignage les élucubrations d’un ivrogne ou une preuve irréfutable de l’existence de ce mystérieux fantôme ? Pour en avoir le cœur net, les deux hommes décident de convoquer le témoin. Le seul problème, c’est qu’on vient de le retrouver mort dans les coulisses de l’Opéra. Et ce n’est qu’un début…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Daniel Defoe (Robinson Crusoé) et Stephen Crane (Le Suédois), Christophe Gaultier s’offre Gaston Leroux pour une adaptation en BD sur 2 volumes, d’un de ses plus fameux romans. Publié en 1910 par le créateur de Rouletabille, ce Fantôme de l’Opéra cisèle une intrigue policière empreinte de mystère et d’incursion fantastique dans le décor de l’Opéra Garnier. On retrouve rapidement, sous la patte expressionniste de Christophe Gaultier, tous les ingrédients du roman et en particulier la parfaite transposition de l’atmosphère anxiogène qui procède ici aussi de l’envoûtement. On se laissera ainsi chahuter par un malaise permanent confrontant notre pragmatisme à un drôle de personnage (un vrai fantôme ?) au visage squelettique, nourrissant de sombres desseins. Assistés par une jeune cantatrice (cible principale du fantôme) et son chevalier servant, nous commencerons, juste à la fin de cette première partie, à dénouer les premiers nœuds du mystère, sans pour autant être certains de ne pas partager, bientôt, avec nos amis, des retours de bâton… Aidé par le dessin particulièrement porteur de cet inquiétant climat, Christophe Gaultier entame de manière convaincante son adaptation. Il s’accapare vraisemblablement, du même coup, les faveurs des amateurs de récit à frissons. Reste à découvrir toutes les clefs de l’intrigue, dans une deuxième partie, pour tenter de savoir si le chantage entrepris pourra cesser, si notre belle chanteuse pourra enfin aimer librement ou si, à l’inverse, l’Enfer, à tous, nous est déjà réservé…
