L'histoire :
1715… En Irlande, dans le comté de Galway, vit un drôle de berger. Il s’agit en effet, d’une force de la nature aux cheveux roux, capable d’un coup de poing de terrasser un ours ou d’entortiller autour d’un arbre le moindre loup qui voudrait s’en prendre à son troupeau. Aussi fort et colérique qu’il soit (ah ! ce terrible chien rouge qui sort parfois de sa tête…), c’est d’abord un bon compagnon et un fils aimant. Dans la région, ce gentil géant est une légende. C’est pourquoi, il ne faut pas s’étonner de voir débarquer, un beau jour dans le comté, un envoyé de Frédéric Guillaume 1er, le roi de Prusse. Fier de son armée, le souverain veut également se constituer la plus exceptionnelle des gardes personnelles : une troupe composée de soldats immenses, dont la seule vue ferait fuir l’ennemi. Cathal en est une recrue de choix. En échange, il serait grassement payé, nourri, blanchi et logé. Si la perspective d’avoir une vie moins monotone que celle passée à élever des moutons est attrayante, pour autant le berger ne voit pas pourquoi il tuerait pour un roi qui n’est pas le sien. Il refuse donc. Du coup, l’émissaire prussien le contraint par la force : il le ficelle et l’embarque sur un navire en direction de Potsdam. Le voyage est périlleux, mais notre géant fait contre mauvaise fortune bon cœur et en chemin, il apprend même le prussien…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rien qu’en déposant un œil sur la couverture, on est conquis… On aime déjà l’effet produit par les couleurs. On savoure l’expressivité de ce gros bonhomme, qu’on imagine être le héros et, auquel, on en n’est convaincu, on ne tardera pas à s’agripper comme une bonne vieille bande de velcro. La lecture boulimique qui suit confirme cette première gentille claque, en déclinant un univers construit pour notre jubilation. L’attache est d’abord graphique. Incontestablement. Les peintures sont belles, impeccablement cadrées, sublimement mises en couleurs, pour une lisibilité absolue qui fait place au mouvement et sait délayer toute la palette des émotions : drame, tendresse, humour, peur… nous mènent à la baguette de bout en bout. Tellement bien fait, qu’on regrette simplement ne pas en profiter sur des planches au format plus grand. Cette maestria sert un scénario touffu balançant agréablement entre Histoire, action, intrigue policière, piques fantastiques, humour et sentiments. Dense et rythmé, on regrettera pourtant que le récit manque un peu d’épaisseur et particulièrement que la conclusion des intrigues soit si brutalement traitée. Car de fait, accroché à cet univers à la Christophe Blain, fait d’absurde, de démesure et savoureusement porté par des personnages hauts en couleurs, on attend que les auteurs osent aller un peu plus loin. Qu’ils creusent le sillon des psychopathies de leurs protagonistes ; qu’ils s’amusent à les faire s’aimer crûment et ripailler ; qu’ils portent à fond les propensions épiques de l’aventure… nous les suivrons aveuglément. Et si, ici, le récit s’appuie très largement sur une réalité historique (lire les judicieuses notes en fin d’ouvrage), promettez-nous qu’il ne s’agisse que d’une mise en bouche, histoire de faire connaissance avec cet attendrissant géant. S’il vous plait, messieurs Rivelaygue et Tallec, dites-nous que trottent dans vos têtes et pinceaux, de nouvelles aventures de Cathal Crann à épuiser nos yeux…
