L'histoire :
Sept jeunes filles venues du monde entier viennent de recevoir une sympathique convocation leur permettant d’être auditionnées à New York dans la prestigieuse école de danse, Stars of the stars. Elles pensent ainsi être les probables futures participantes d’un show télévisé très en vue. Cependant, à quelques années lumières de là, un curieux panel d’extraterrestres a bien d’autres projets : supprimer la Terre. Cette planète est en effet un véritable obstacle aux échanges interstellaires car elle se trouve en plein milieu des routes commerciales. Pour l’instant, seul l’attrait pour les danses terrestres, en particulier de la part du Premier Secrétaire des Univers connus, a permis de sauver l’Humanité. Mais en ces temps de crise, certains voudraient que le projet initial soit enfin adopté. Dans cette hypothèse, pour éviter que ne meure la danse en même temps que la Terre, ils ont imaginé piéger quelques danseuses en leur faisant miroiter leur intégration à la prestigieuse académie. Ainsi Angoissette ouvre le bal, évoquant en préambule son triste passé familial et révélant que sa seule ambition est d’en mettre plein la vue à son papa. Ce dernier se moque en effet éperdument de la danse, mais raffole du succès et de l’argent. A elle, donc, de jouer avec un petit handicap non négociable : elle se trémousse uniquement sur des musiques de jeu vidéo qui se trouve sur sa console portable préférée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le délire épaissi de notes socio-philosophiques ou la claque humoristique souvent piquante de l’un (Joann Sfar) et l’élégance girly joliment cadrée de l’autre (Pénélope Bagieu) pourraient-ils faire bon ménage ? C’est ce que tentent de nous démontrer ces deux pointures du 9éme art pour la mise en bouche d’une série présentée comme une « épopée cosmique et délirante, entre Fame et Star Trek ». L’idée est savoureuse, en tous cas, qui imagine de faire péter la Terre et d’envoyer dans le cosmos sept filles – venues du monde entier – initialement recrutées pour intégrer une prestigieuse école de danse, avec en prime un show télé à la clef : la fameuse Stars of the stars… Derrière cet expéditif projet se trouve évidemment un consortium extraterrestre gêné par la présence de notre bonne vieille planète bleue pour ses échanges commerciaux. Et qui pour l’heure n’a trouvé pour seul intérêt dans la race humaine que son envoûtante manière de danser. Voilà qui plante les jalons dans un premier tome chargé en particulier des présentations : nos sept danseuses (avec une mention spéciale pour Angoissette, une juive new-yorkaise névrosée, et Maurisse, une black française énervée…), le couple extraterrestre androïde qui les accompagne et les vilains aliens qui ont décidé de nous rayer de la carte de l’univers. Reste à découvrir le sort qui les attend et ce qu’elles vont bien pouvoir désormais fabriquer dans le cosmos… Si l’on imagine peu où tout ça pourra nous mener, l’ensemble donne envie – et ce n’est pas là le moindre des atouts. On mange certes quelques cuillères de clichés. On frôle parfois la nausée en avalant les dialogues en cascade. Mais tout ça n’est pas vain et aiguillonne, comme Sfar aime le faire, notre réflexion. Ici, par exemple, il pose la question de l’intérêt de la compétition (le « être le meilleur » si indispensable aux mécaniques des shows de téléréalité par exemple), de l’identité géographique, sociale ou religieuse, une fois qu’on se retrouve être les seules représentantes de l’Humanité. Tout ça freine un brin le mouvement de l’intrigue mais n’en annihile pas le rythme. En particulier grâce à l’aisance du dessin, sa colorisation aguicheuse et quelques rebondissements bien amenés. Les dernières pages en sont la parfaite illustration…