L'histoire :
Il est content, ce petit bonhomme tout habillé de rouge, avec sa grande cagoule à bout pointu. Il est heureux de tirer sa charrette à bras, joyeux d’arpenter les rues de cette riante cité médiévale pour gagner sa nouvelle maison. Car le bougre commence aujourd’hui. Il vient juste d’être engagé par Monsieur le Comte pour effectuer la charge qu’on se transmet depuis des générations dans sa famille : notre ami, qui a pour joli sobriquet Tranche-Trognes, est le nouveau bourreau de la cité. Ô qu’il jubile, notre trancheur de ciboulot en imaginant ses concitoyens trembler à la seule évocation de son nom. Ô que c’est bon de les sentir déjà morts de trouille… Et pourtant, point d’effroi sur leur visage, de frissons parcourant leur échine ou de gros sanglots. Mais des rires à gorges déployées dés sa première apparition… L’accoutrement du nouveau tourmenteur et les premières lettres de sa profession – qu’il commence à peindre sur sa maison – font en effet imaginer à ses voisins qu’il est le nouveau bouffon de la seigneurie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est d’abord le petit magazine mensuel, Moi je lis ! (pour les 8-12ans) qui a publié les aventures burlesques de ce personnage court sur pattes et tout de rouge vêtu. Grâce à lui, l’occasion est donnée d’amuser la galerie à coups de hache, de crypte humide et d’instruments de torture dernier cri. Une véritable bonne idée qui fait mouche au sein d’un album reprenant 10 de ces petites histoires. Il ne nous faut alors guère de temps pour prendre possession de cet univers jouant le décalage intelligent, le rythme endiablé, l’humour à plusieurs niveaux ou la science du jeu de mot. Surtout, on se pourlèche les mirettes et on abreuve ses zygomatiques d’un panel de personnages directement attachants, notre couillon de Tranche-Trognes, bourreau à la peine, en tête. Car il est bien vite jubilatoire de s’amuser de sa naïveté chevillée (c’est d’ailleurs là un ressort qui fonctionne particulièrement bien avec les gamins), de son incommensurable cécité ou de son incroyable bêtise, pour celui qui représente habituellement l'effroi et la mort sans ménagement. Du coup, une succession d’échecs participe à une chouette tranche de vie médiévale rigolote, astucieuse et rythmée. D’une arrivée ratée parmi ses concitoyens à la mauvaise idée de participer à un concours de poésie, vous voilà confiés aux aventures d’un bourreau pas comme les autres. En tous cas joliment cadré et mis en mouvement par un trait tout aussi ensorceleur que celle dont notre pauvre bougre est tombé amoureux.