L'histoire :
Adam est dessinateur de BD. Il vit à Paris, dans un milieu d'artistes pour qui la réussite sourit plus ou moins. Cinéastes, musiciens, scénaristes, chacun partage ses projets et ses difficultés lors de longues soirées derrière le rideau de fer des bars, après la fermeture. Depuis sa rupture avec Barbara, Adam échoue dans toutes ses relations amoureuses. « L'amour t'a faussé compagnie » dit la chanson de Bashung qu'il écoute sous la douche avant de repartir bosser, après une énième soirée de cuite. Lorsqu'il retrouve son ami scénariste, Adam ne peut s'empêcher de partager le croquis qu'il a fait de sa dernière conquête, qui n'aura pourtant duré qu'une nuit. C'est alors que ce dernier lui propose de revoir Juliette lors d'une soirée à venir, la jeune fille fragile avec qui il eut une relation très éphémère quelques années auparavant. Adam accepte de se laisser embarquer, et tombe sous le charme de la très belle blonde qui le drague ostensiblement. Débute alors une période nouvelle pour celui qui croyait ne plus pouvoir vivre une véritable histoire avec une femme. Convaincu qu'il n'est pas réellement attaché et encore moins amoureux, il sent pourtant se développer à l'égard de Juliette un sentiment de possession et de jalousie, dont il ne se croyait pas capable. Il imagine alors un plan machiavélique pour connaitre une hypothétique vérité...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Prévue en deux albums, cette histoire nombriliste autour d'un personnage peu attachant surprend quelque peu. Egrénant les scènes de la vie quotidienne d'une bande de jeunes artistes branchés, elle hésite entre l'enchaînement de petits épisodes sans lien entre eux (plusieurs pages sur une sorte d'agression en début d'album) et la construction d'une forme d'intrigue amoureuse qui finit par arriver. On sent dans les chroniques relatés par Gwen de Bonneval, qui est ici uniquement scénariste, une authenticité des dialogues, et probablement un lien avec des personnages qu'il connait ou cotoie. Mais l'introspection superficielle illustrée par les dessins très rapides de Michaël Sterckeman touche aux limites de l'épure, tant en terme de scénario que de mise en image. Si cet album était un roman, on serait impitoyable avec son auteur pour l'absence de profondeur et l'égocentrisme de son personnage. C'est ce qui frappe à la lecture de cette tranche de vie, jusqu'à ce que le caractère d'Adam débouche sur un début de suspense amoureux, dans les toutes dernières pages de l'album. Il faut donc laisser au second tome de cette histoire une chance de nous donner tort. Il pourrait en effet choisir de creuser la noirceur et l'égoïsme sans fond d'un personnage tourné sur lui-même, en nous démontrant jusqu'où il est capable d'aller. La chronique superficielle d'un artiste raté pourrait alors se muer en une leçon de vie, pour un homme qui refuse de faire confiance à ceux qu'il aime...