L'histoire :
Adam, un graphiste de profession qui s’essaie à devenir auteur de BD, sort avec Juliette, une blondinette qui prépare l’AGREG. Leur histoire d’amour n’était pas vraiment calculée : Adam sort d’une rupture difficile et la personnalité de Juliette ne semblait pas lui convenir… a priori. Car pourtant, après quelques semaines d’idylle, les voilà qui cherchent leur équilibre pour construire une relation durable. Adam s’est notamment attelé à un projet un peu périlleux : draguer Juliette sur Internet en se faisant passer pour un autre, appelé François. Ainsi, il compte sonder la fidélité et l’engagement de Juliette à son égard. Ce François propose même à Juliette de concrétiser leur relation virtuelle, en lui donnant rendez-vous dans un bar. Adam demande à son copain Vincent, acteur de profession, de jouer le rôle de ce François, en lui expliquant par le détail le type de personnalité qu’il développe dans ses mails. Vincent veut bien rendre service à son pote, mais il trouve cette idée vraiment malsaine. Jusqu’où devra-t-il aller ? Et quel bazar s’il en tombe vraiment amoureux ! Finalement, Vincent refuse son rôle. Adam devra se débrouiller seul dans le rôle de François, face à Juliette…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les histoires d’amour finissent mal, en général. On ne dévoilera pas la finalité de celle qui unit Adam et Juliette, mais reconnaissons qu’elle est un brin torturée. Or en fait, ces aléas sont généralement très communs. Ici en tant que scénariste, Gwen de Bonneval a peut-être mis un peu de son expérience conjugale dans ce récit. En tout cas, ça sent le vécu. Il continue pourtant de rythmer la relation d’Adam et Juliette d’étrange manière, empilant des séquences de vie détachées et distinctes, à grands renforts d’ellipses et parfois de voix off. Là où d’ordinaire les pensées des protagonistes transmettent les émotions, la narration emprunte alors un curieux ton descriptif, comme si le scénariste se plaçait en entomologiste de la psychologie humaine. Ce parti pris est paradoxal et néanmoins original : la distance inhérente bloque l’assimilation du lecteur aux personnages, que les scénaristes recherchent la plupart du temps. A travers ce diptyque, De Bonneval aspirait visiblement à emprunter le style du cinéma de la nouvelle vague. Trait hésitant, faciès peu harmonieux, couleurs en aplats fades : le dessin moderne de Michaël Sterckeman participe visiblement de cette intention, sans convaincre. Au final, c’est intéressant, à défaut d’être tout à fait pertinent. En marge de ce concept narratif, la relation entre ces deux jeunes gens dit tout de même beaucoup de choses essentielles, notamment sur l’acceptation du couple par rapport à soi, sur sa capacité à phagocyter la personnalité de chacun. Comment se préserver des territoires d’intimité nécessaires, sans pourtant ne rien se cacher, même par omission ? Ces questions, des millions d’humains se les posent chaque jour, de manière plus ou moins consciente. Il ne peut qu’être bénéfique de les retrouver concrétisés dans un récit…