L'histoire :
En 2003, par une soirée de blizzard sur l'île de Jersey, une mère abandonne sa fillette, Amber, à la porte d'un orphelinat. La fillette grandit à la dure, en se faisant une indéfectible amie prénommée Amanda. Alors qu'elles sont adolescentes, un anglais se présente à leur institution pour les convoquer toutes deux dans le bureau de leur directrice. Leurs résultats scolaires étant remarquables, Mr Kavotz leur propose d'intégrer Cleverland, une école spéciale pour enfants défavorisés mais méritants, financée par un puissant philanthrope. Cinq ans plus tard, Amber et Amanda reçoivent leurs diplômes en grandes pompes dans la cour de Clerverland. Au sein de la promotion, deux étudiantes bénéficient d'une distinction particulière remise devant l'assemblée par le grand fondateur de Cleverland, en raison de l'exemplarité de leurs études : Amber et une certaine Alice. Le soir même, les étudiants font la fête. Mais à la fin de la soirée, Amber retrouve Alice en pleurs, tapie dans un coin. Celle-ci lui avoue avoir été violée par Kavotz. Amber la pousse à tout dénoncer immédiatement aux autorités, notamment via un témoignage vidéo envoyé par Internet. Mais le mail n'a pas le temps de partir, que Kavotz surgit dans leur chambre d'étudiante avec deux comparses super costauds. Il leur annonce : aucune d'elles ne sortira vivante de cette chambre. Or Amber est vive et athlétique, elle parvient à s'enfuir. Elle se sauve dans Londres et se planque dans un squat délabré, avant d'être recueillie par une femme élégante. Cette femme lui offre un café dans un pub. Mais le café est drogué. Amber se réveille sur un matelas moisi, enfermée dans une pièce sordide. La voilà esclavagiste d'un réseau de prostitution. Mais alors qu'elle est sur le point d'être voilée par ses geôliers, une femme déboule dans la pièce avec deux flingues à la main. Elle s'appelle Vera et elle est venue pour la sauver. Elle dégomme tous les méchants et embarque Amber à bord de son Austin Healey...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Abandonnée enfant à la porte d'un orphelinat, par une nuit glaciale, sur une île paumée, Amber Blake part de très bas et donne le ton. Heureusement, elle pourra compter sur un profil intellectuel surréaliste et des capacités athlétiques hors normes pour se tirer de toutes les pires souricières de notre civilisation. Car heureusement (bis), la providence lui tracera à chaque fois la voie royale pour devenir une espionne-agent d'action de haut vol. Pour le scénario de sa première BD, Jade Lagardère fait plus dans l'humanisme que dans la subtilité. Son alter-ego magnifié qui lui sert d'héroïne a des mensurations proches des siennes (elle est mannequin et épouse d'Arnaud, patron et héritier du groupe Lagardère) et un destin transcendé. Amber Blake est avant tout scandalisée par l'exploitation de l'être humain, un combat qui entre en résonance avec l'engagement humanitaire de sa scénariste. Au cours de sa jeunesse turbo-propulsée entre centres de formation high-tech et bas-fonds sordides de l'humanité, Amber Blake fera donc sans cesse le yoyo entre méchants violeurs et providentiels sauveurs. Cela dit, comme le prouve le feuilleton Banshee et chaque James Bond ou Mission impossible sur grand écran, le registre de l'action ne s'embarrasse guère de vraisemblance pour s'avérer divertissant. Si on accepte que Amber Blake traverse deux fois une baie vitrée située au deuxième étage d'un hôtel, dont une fois avec des chaussures à talons et une seconde fois en moto, sans la moindre égratignure ni entorse, on profite pleinement du grand spectacle rocambolesque, réaliste et contemporain délivré par les artistes de comics américains confirmés que sont Butch Guice et Mike Perkins (pour l'encrage seulement concernant le second).