L'histoire :
Aphrodite discute avec ses enfants Éros et Antéros. Ils plaisantent et parlent de tout et de rien, quand arrive Hermès, le Dieu des messagers et du vent. Il regarde d’un air langoureux Aphrodite et se rappelle des beaux moments qu’ils ont vécus ensemble. Et notamment de leur fils Hermaphrodite dont la destinée est unique et dépasse en originalité tout ce que l’on peut concevoir. Les enfants sont intrigués et aimeraient en savoir plus sur Hermaphrodite. De bonne grâce, Hermès accepte de raconter ce qui est arrivé à son fils. Né de deux dieux et de la sublime Aphrodite, cet enfant ne pouvait qu’être beau et sa beauté fascinait tous ceux qu’il croisait. Un jour, qu'il se baigne dans les eaux de la région de Carie, il ne voit pas une femme qui le dévore du regard et semble apprécier sa beauté. Cette dernière n’est autre qu’une nymphe divinité de ce lac appelée Salmacis. N’ayant pas froid aux yeux, elle lui déclare son amour et se jette dans ses bras. Elle l’enlace malgré sa peur et se colle à son corps. En plein ébats, elle prie les dieux que leur corps ne fasse plus qu’un. Petit à petit, le miracle se produit et Hermaphrodite fusionne avec Salmacis, le rendant mi-homme, mi-femme. Pour se venger, Hermaphrodite demande aux dieux que ce lac rende impuissant toute personne qui ose s’y baigner.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La collection La sagesse des mythes termine son tour d’horizon sur la déesse de l’amour avec ce deuxième tome. On pouvait craindre un manque d’idées ou une répétition du premier tome... mais ce serait méconnaître la richesse inépuisable de la mythologie grecque qui regorge de saynètes et de récits à part entière, un peu à l’image de la lignée nombreuse d’Aphrodite. C’est d’ailleurs le thème de ce volume qui fait un résumé plutôt détaillé de chacune des progénitures de la déesse sensuelle. Évidemment, avec une mère aussi puissante et charismatique, chacun de ses enfants a un destin particulier. Découvrir la vie d’Hermaphrodite ou d’Adonis, cela vaut vraiment le coup. Clotilde Bruneau évite en plus l’écueil du « catalogue » ou de l’inventaire d’anecdotes sans lien les unes avec les autres, en utilisant de façon maline la volonté des personnages de raconter leur propre vie. Mais la meilleure surprise provient des coups de colère d’Aphrodite. On aurait pu bien sûr évoquer la fameuse discorde qui amènera à la guerre de Troie (déjà évoquée dans la série L’Illiade dans la même collection) mais c’est plutôt de mini récits moins connus, touchant des mortels « anonymes » qui montre toute l’ambivalence d’Aphrodite. La déesse punit sans état d’âme en utilisant des armes terrifiantes, que ce soit le meurtre et même l’inceste, touchant à des thématiques encore plus dérangeantes à notre époque. C’est également le cas quand on voit la déesse s’offrir sans retenue à un jeune homme qui pourrait être son fils... mais après tout, quelle meilleure peinture des désirs et de l’amour dans toute sa complexité et son ambiguïté que l’exemple d’Aphrodite. Riche et profond donc, le tome est aussi bien dessiné par Guiseppe Baiguera qui représente la sensualité (et l'aspect sexuel !) d’Aphrodite. Dommage que les annexes de Luc Ferry perdent en qualité depuis quelques tomes. On est loin des analyses interprétatives et philosophiques de d’habitude. Aphrodite est le seul dieu qui a eu droit à deux tomes : de quoi rendre jaloux les autres Olympiens ?
