L'histoire :
La première guerre mondiale vient de se terminer, elle signe le démantèlement de l'empire ottoman suite au traité de Sèvres. Les turcs quittent les territoires qui deviendront la Syrie, le Liban et la Palestine, cèdent du terrain à la Grèce à l'Ouest et à une grande Arménie à l'Est. Un militaire nommé Mustafa Kemal va prendre la tête de l'affrontement contre les grecs après le traité signé par les représentants du sultan Mehmet VI. Il va contester le pouvoir central de ce dernier et déclarer un nouvel état indépendant autour de la capitale Ankara. Il deviendra le leader reconnu par l'assemblée et proclamera la république en 1923. Le parcours de celui qui deviendra la figure de l'indépendance turque sous le nom d'Atatürk commence par une victoire spectaculaire pendant le premier conflit mondial dans la bataille des Dardanelles. Promu colonel, il ressentira l'appel d'un destin national. Lorsque les troupes alliées défileront dans les rues d'Istanbul, il quittera la ville pour Samsun, juste après sa promotion au rang de Général. Sa prise en main du destin de la future Turquie sera rapide et incontestable.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La scénariste Marie Bardiaux-Vaïente et le dessinateur Andrea Meloni racontent de manière chronologique l'ascension vers le pouvoir du fondateur de la nation turque, créateur par ailleurs d'une nation laïque et initiateur de grandes réformes démocratiques. L'album commence par un extrait du discours fleuve qu'il prononcera en six jours devant l'assemblée en Octobre 1927, alors qu'il était depuis quatre ans Président de la République, et que son régime devenait autoritaire. Mais très vite, on retourne au cœur de la guerre, là ou le jeune colonel s'illustre et montre autant son courage que son charisme. Le récit n'est pas particulièrement scénarisé, on reste au plus proche des faits, le choix des moments s'appuyant sur le travail de l'historien François Georgeon. La structure n'est pas passionnante en soi, mais absolument instructive. Elle nous replonge dans des enjeux qui sont encore aujourd'hui centraux dans l'équilibre mondial, qu'il s'agisse du destin des anciennes provinces ottomanes du Proche-Orient devenues autant de zones de conflits, ou des ambitions de puissance de la Turquie actuelle sous le leadership d'un président qui aimerait remplacer Atatürk dans le récit national. Sérieux dans son propos et impeccablement illustré, ce nouvel opus de la série Ils ont fait l'Histoire remplit sa mission, en titillant notre curiosité historique et en rappelant le rôle fondamental des leaders politiques sur le destin des nations.
