L'histoire :
Cela fait plusieurs années qu’Arthis est enfermé dans l’hôpital psychiatrique. Pourtant, ses troubles du comportement ont totalement disparu, de façon quasi magique. L’infirmier qui s’occupe de lui le fait donc relâcher et Arthis peut enfin sortir de sa camisole. Laissé seul à l’extérieur, Arthis est assailli par les évènements du passé et refait toujours le même cauchemar : des malheureux en guenilles et en souffrance parviennent à sortir de la terrible prison du Petit Royaume ! Arthis n’a plus qu’une idée en tête : retrouver Anne. Il tente donc de se mettre à sa recherche. Heureusement, son ancienne compagne n’a pas changé d’adresse… Arthis sonne chez elle mais Anne est troublée et très émue de le revoir. Cependant, elle est également gênée, car elle a désormais une petite fille et ne vit pas seule. Anne lui raconte ses nombreuses visites dans l’asile, sa tristesse de le voir enfermé et les mots du médecin psychiatre qui affirmait que la maladie d’Artis serait à jamais incurable. Arthis rentre seul, le cœur lourd et se sentant totalement isolé. Il décide alors de quitter la région parisienne et de partir au hasard. Comme s’il était en transe, Arthis s’arrête dans un village de Province dont il ignore le nom. Pourtant, c’est ici que son destin va basculer à nouveau...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quelques années après le chef d’œuvre du premier cycle de Balade au bout du monde, Pierre Makyo reprend son personnage phare pour de nouvelles aventures. Arthis a quelque peu vieilli et s’est profondément assombri, marqué par les souffrances du passé. Makyo multiplie les clins d’œil à ses œuvres précédentes : Arthis revoit Anne, délire en pensant revoir les prisonniers et entend même une musique qu’il croit être celle jouée par Joachim ! Le scénariste replonge avec bonheur dans l’intériorité du pauvre Arthis et la voix off du personnage montre un homme ravagé, qui a du mal à se défaire des mésaventures qu’il a vécues auparavant. Un peu comme le lecteur, un brin nostalgique des premiers tomes, il faudra un peu de temps pour qu’Arthis se débarrasse totalement de son incroyable passé. Makyo invente donc une nouvelle balade qui démarre de la même façon que la précédente : Arthis plonge dans l’irréel et le merveilleux grâce à la photographie et la rencontre avec une joie inconnue brune ! Pourtant, cette fois, l’aventure est beaucoup plus psychologique, voire psychique, que celle du premier cycle. Arthis ne se retrouve ainsi plus dans un autre monde ni un autre temps, mais il fait un autre type de voyage, tout aussi incroyable : il tombe dans l’esprit de cette étrange brune qu’il appellera Ariane… Ariane, comme la fameuse compagne de Thésée dans la mythologie, qui rend goût à la vie à Arthis et lui permet de retrouver le fil de sa raison… pour mieux le lui enlever ! Un parfum de mystère règne sur l’œuvre. Makyo se garde bien de révéler quoique ce soit sur cette affaire. Pourquoi Ariane semble parfois avoir perdu le fil de sa pensée ? Quel est le fil invisible qui relie Ariane et sa tante ? Pour une fois, le scénariste est avare en informations et distille les révélations au compte-goutte, bien loin d’un premier cycle rythmé et dense. Du coup, le tome paraît bien plus creux, même s’il faut le temps que le nouveau cycle se lance. Autre changement notable : Laurent Vicomte a quitté la série et laisse le crayon à Eric Hérenguel. Même si son trait imite assez bien celui de son prédécesseur, les cases sont beaucoup plus grandes, mais aussi beaucoup plus vides de décors et de détails. Le graphisme est également beaucoup moins puissant, puisqu’Hérenguel joue plus sur la douceur des visages. Ce nouveau cycle ne pourra pas faire oublier le précédent, mais il parvient à intriguer par son mystère opaque et fascinant.