L'histoire :
Arthis est enfermé dans un asile et s’entretient régulièrement avec un psychiatre. Il lui raconte avec difficulté les derniers moments qu’il a passés dans le Petit Royaume et le dénouement de cette histoire incroyable. La machination d’Argon est en marche : il force la belle femme brune à devenir son épouse et se proclame le sauveur de son peuple. Juste après le mariage, Arthis, Anne et Joachim délivrent la malheureuse femme d’Argon et préparent un plan pour contrer le bâtard. Dans le même temps, le roi observe une scène bien étrange : une de ses concubines le trompe avec un beau jeune homme. Le roi, au courant de ses manœuvres, la laisse faire secrètement, car il est fou amoureux d’elle et se repaît du spectacle offert par leurs ébats. Malheureusement, le capitaine des gardes vient le voir pour lui annoncer une triste nouvelle : une des concubines du roi l’a trahi depuis longtemps en donnant des informations précieuses à Argon. Or il s’agit de celle qu’il est en train d’observer ! Le roi la fait arrêter et la torture pour qu’elle avoue sa faute. N’y tenant plus, une autre concubine se dénonce en rétablissant la vérité : c’est bien elle qui dupait son roi en pactisant avec l’ennemi. Cependant, en s’accusant elle-même, la concubine révèle le nom d’un autre traître autrement plus important dans l’entourage du roi : le capitaine des gardes. L’étau dressé par Argon se resserre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Arthis est arrivé au bout de la balade en Galthédoc et le lecteur attend avec impatience le dénouement de cette incroyable histoire. Après un tome trois fourmillant de révélations et de rebondissements, le tome quatre se concentre sur le final. C’est le bout de l’histoire et Pierre Makyo joue encore une fois l’effet de surprise : loin des contes de fées, le dénouement est pourtant heureux pour beaucoup de personnages. Cependant, Makyo brise les codes du genre et démystifie ce type d’histoires mièvres : même la reine retrouvée a des choses à se reprocher et utilise la manipulation. Guère plus reluisants qu’Argon, les gens de pouvoir sont prêts à tout pour le garder. Le roi plonge ainsi dans une folie de plus en plus chronique : superbe peinture de ce monarque dément qui souffre de solitude et qui a tout, sauf l’essentiel. Le happy end n’est donc pas de mise. Au bout des relations entre les personnages, se cache la tristesse, la trahison, la duperie, le mensonge et la souffrance. L’amour complexe entre Arthis, Anne, la jolie brune et Joachim fait des ravages. Même les « héros » Arthis et Joachim sont entachés par un sentiment égoïste et violent. Arthis plonge au bout de sa raison et sombre dans la folie : après le cauchemar de la prison et ses recoins glauques et sombres, le « blondinet » se retrouve incarcéré dans une chambre désespérément vide et propre, d’un blanc aveuglant, qui rend fou. La chute du personnage est d’autant plus dure que ses comptes rendus au psychiatre font même douter de la véracité de cette balade ! Makyo aura poussé les ficelles scénaristiques au bout du bout, en mêlant les histoires et les personnages dans de remarquables fondus enchaînés. En y intégrant une part de rêve, de doute, de magie et de folie, le tableau est complet et le final est à la hauteur (vertigineuse) de cette fantastique série. En plus, Laurent Vicomte est au diapason de son art et offre un dessin plus qu’abouti. Jouant sur les effets de surprise du scénario, les cases ont un découpage surprenant et certaines planches sont de véritables œuvres d’art. Le graphisme est splendide, Vicomte alternant avec maestria scènes d’amour et scènes de folie, autant capable de dessiner des visages grimaçants de haine que de représenter la pudeur de sentiments forts. Le tout est bien servi par des couleurs sobres mais efficaces, qui valorisent l’élégance du trait de Vicomte. Une série qui aura atteint des sommets dans le neuvième art jusqu’au… bout !