L'histoire :
En septembre 1915, en Méditerranée, une dizaines de marins français sont remorqués dans leur chaloupe, par le U-boot allemand qui a coulé leur navire marchand. Les boches ont eu pitié d’eux : ils tentent de les rapprocher d’un quelconque rivage. Parmi eux, l’ex-capitaine du Belem, un fier trois-mâts lancé en mer près de 20 ans plus tôt, se souvient des traversés qu’il faisait encore deux ans auparavant, entre les Antilles et le continent. En novembre 1913, notamment, alors que le Belem quittait Fort-de-France pour l’île d’Aruba, le vieux loup de mer Rio ne cachait pas son amertume à son collègue, le Vern. L’avenir du voilier était morose, en raison de l’avènement des bateaux vapeurs. Sa dernière traversée sera particulièrement emprunte de nostalgie. Retour en 1915 : nos naufragés sont abandonnés à proximité d’une côte rocailleuse. Ils craignent un instant de s’écraser sur les récifs aiguisés, d’autant que la mer est démontée. Finalement, ils parviennent à s’échouer sur un banc de sable. Le capitaine et deux marins partent alors en expédition pédestre pour déterminer leur point de chute et éventuellement trouver de quoi nourrir l’équipage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est une grosse déception que ce dernier volet du Belem qui ne propose même pas l’ombre d’un début d’intrigue. En effet, Jean-Yves Delitte se contente juste d’alterner deux situations à deux époques, à deux ans d’intervalle, en faisant largement trainer les choses jusqu’à arriver aux 46 planches traditionnellement requises par l’exercice. D’une part, au début de la première guerre mondiale, l’ex-capitaine du Belem connaît une mésaventure en Méditerranée : son navire coulé, il doit se débrouiller pour faire rejoindre la civilisation à son équipage, à bord d’une chaloupe… et c’est tout. D’autre part, ce capitaine en profite pour se remémorer la dernière traversée de son fier trois-mâts, deux ans auparavant. A part l’immense nostalgie que procure ce souvenir, à travers les dialogues des marins, il ne se passe strictement rien. Ce tome 4 se recentre donc sur son objectif initial : donner quelques infos didactiques et dessiner le Belem sous toutes les coutures. Sur ce point, c’est évidemment un pur plaisir : Delitte surdose les cases en grands formats, sur deux planches, dont un grand ombre d’ultra-panoramiques. Un gros tiers de l’album est ainsi accordé aux respirations et aux grosses bouffées d’embruns. Les auditeurs fidèles de Thalassa vont apprécier ; ceux qui aiment les histoires peuvent bouder…