L'histoire :
Dans le quartier de Pigalle sous l'occupation, le couvre feu n'interdit pas aux bordels de poursuivre leur activité. Dans les sous-sols de l'un d'entre eux, Victor, alias le Turc, joue aux cartes avec un colonel allemand. Il quitte les lieux pour aller conclure une transaction non-officielle chez un dénommé Albert, qui va lui céder son établissement appelé « Les Nymphes ». Grâce à l'entremise du Turc, c'est la pègre qui continue son expansion en rachetant les établissements de tous ceux que l'occupation rend vulnérables. Victor est connu de l'administration de Vichy. Il joue les intermédiaires et empoche de belles commissions au passage. Mais il n'oublie pas de protéger les artistes juifs qui ont travaillé pour lui dans le passé, lorsqu'il était impresario de cirque. C'est ce qu'il va faire avec Jenny et Jim, en leur donnant une somme d'argent pour partir vers l'Espagne et fuir ensuite en Angleterre ou aux Etats-Unis. Il va aussi s'interposer lorsqu'une bande rivale va vouloir racheter le Femme-Femme, le cabaret d'une de ses amies et anciennes maitresses. Et en parallèle de tout cela, il cache ses origines juives en fréquentant la mosquée. Et donne quelques coups de main discrets à la résistance qui s'organise...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La collaboration (si l'on peut dire) entre Noël Simsolo et Dominique Hé se poursuit avec une histoire de mafias et de magouilles sous l'occupation, incarnée par un personnage central au passé compliqué, qui se fait passer pour un turc. Les premières scènes de l'album sont courtes et rendent assez laborieuse l'installation de l'ambiance, un peu comme si les auteurs voulaient qu'on prenne le temps de s'arrêter sur certaines cases sans nous donner le moyen de le faire. On achète deux ou trois cabarets en à peine plus de dix pages, pour finalement comprendre que l'enjeu sera plutôt celui du double rôle que Victor s'apprête à jouer. La narration n'est toujours pas celle d'un scénariste aguerri, comme si Simsolo comptait sur autre chose pour accrocher le lecteur. Il faut dire que le style de son dessinateur Dominique Hé est très particulier. Assez adapté à une histoire à l'esthétique rétro, il donne un vrai ton visuel un peu décadent à l'ensemble. Mais sachant que lui-même a été scénariste de ses propres histoires (les très réussies Aventures de Marc Mathieu), on se dit que l'accord entre les deux, le passage de témoin narratif, pourrait être plus abouti. On va donc attendre la suite de cette nouvelle série pour que les enjeux deviennent plus clairs avec, on l'espère, un peu plus de temps accordé à Victor, dont le potentiel et la complexité devraient s'affirmer avec plus de profondeur.