L'histoire :
Liam est un jeune garçon de quatre ans qui vit avec son frère et ses parents dans une jolie villa de Rabat, au Maroc. Un papa employé d'une banque française et une maman qui travaille à l'usine, les tantes marocaines qui l'adorent et le disputent, les promenades au marché sous un soleil écrasant... tout cela remplit l'enfance d'un garçon comme les autres. Mais un jour, attiré par un chat immobile et silencieux dans le fond du jardin, il s'approche, main tendue, et le drame survient. Atteint de la rage, l'animal l'attaque violemment au visage et déchire sa joue, lacère sa lèvre et son oreille. Amené d'urgence à l'hôpital, Liam se voit administrer un vaccin qui lui sauve la vie. Mais sa guérison va demander des soins bien plus longs. Pour que leur enfant soit pris en charge avec tous les moyens nécessaires, ses parents décident que la famille va partir vers la France. Pour avoir innocemment voulu approcher un animal silencieux, la vie de Liam va basculer pour toujours. Un nouveau pays, une enfance transformée, et d'étranges réactions au plus profond de son corps...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nicolas Otero poursuit son parcours d'auteur complet avec un roman graphique plein de surprises et très accompli. Un début magnifique sous le soleil du Maroc, de grandes cases contemplatives où son trait fin et précis fait des merveilles : l'album frappe d'entrée de jeu par l'évidence de sa mise en scène. Changeant de graphisme pratiquement à chaque album, Otero utilise pour dépeindre Liam un style semi-réaliste spectaculaire aux couleurs marquées, que l'on doit à Vérane Otéro. Rythmé par des surprises incessantes et une évolution de plus en plus imprévue de son personnage, l'album file sur plus de cent pages, qu'on dévore. Otero construit sans en avoir l'air une sorte de métaphore du passage de l'enfance à l'âge adulte. On peut lire au premier degré les effets dévastateurs de la rage sur le comportement de Liam, tout comme on peut imaginer que le jeune garçon vit tout simplement les colères et les pulsions de son adolescence. Après un biopic étrange et plutôt réussi sur Kurt Cobain, Nicolas Otero semble avoir retenu les leçons des scénaristes grand-public avec lesquels il a travaillé (entre autre Corbeyran pour Uchronies). Mais il affirme avec détermination une personnalité propre très intéressante, portée par des capacités graphiques impressionnantes...
