L'histoire :
La petite troupe menée par Hernando Royo et Catalina Guerero vient de s'emparer d'une partie du trésor de Moctezuma. Sa fuite dans la jungle doit lui permettre de retrouver Cortès, et lui donner la possibilité de retourner s'emparer de la totalité de l'or, pour démontrer sa loyauté à la couronne d'Espagne. Le roi a en effet envoyé une expédition punitive à la rencontre du commandant, dont la folie de conquête lui apparaît incontrôlable. Mais à mesure que le groupe progresse, des oppositions apparaissent entre les personnalités qui le composent. Tzilli, la jeune et belle indienne qui a aidé Royo à s'approcher du trésor, est amoureuse du jeune cuisinier de la troupe, ce que le très valeureux Burro considère comme un piège grossier. Face à la loyauté affichée de Catalina, Hernando clame sa volonté de garder pour lui seul l'amulette qu'il a découverte au milieu d'étranges racines aux effets hallucinogènes. Autant d'éléments qui créent une tension croissante au sein de l'expédition, que seuls les dangers de la jungle vont interrompre avant qu'elle ne dégénère. Lorsque surgit l'Oqtal, un monstre colossal qui se fond dans la végétation luxuriante. C'est le premier test de bravoure pour les mercenaires. Chacun va alors affronter son destin, sous les yeux d'Hernando Royo, témoin halluciné des forces inconnues et magiques qui se dressent sur leur route...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un premier tome sombre, lent et épique, ce second volume hésite entre le ton didactique et emphatique de la voix off de Royo, et les dialogues parfois trop légers des personnages. « Ah ben zut alors, je n'avais pas deviné » surprend quelque peu dans la bouche d'un des protagonistes, au milieu d'une fuite où la mort rode, dans un climat de tension et de sombre magie. Cette réplique nous fait l'effet d'un anachronisme et demande un petit effort pour se remettre en selle et replonger dans l'ambiance de cette jungle menaçante. Un peu comme si John Buscema avait collé par erreur des lunettes sur le nez de Conan le Barbare au détour d'une case. La suite de l'album progresse de manière méthodique vers la conclusion annoncée au début du tome précédent, mais use pour cela de ficelles de mise en scène systématiques et répétées. Comme ces pages aux cases verticales avec leurs inserts de texte qui décrivent l'action. On regrette alors la présence excessive de ces pavés d'explication trop nombreux sur les dessins superbes de Philippe Xavier, qui constituent l'atout majeur de ce diptyque. La majesté est là, la splendeur des décors et la virtuosité de la mise en page, les personnages parfaitement campés dont les corps et les visages traduisent avec brio les personnalités. Une prouesse visuelle, mais une petite déception scénaristique, donc, après une mise en bouche très prometteuse. Un peu comme si Jean Dufaux n'avait pas osé laisser son lecteur face à un récit purement sombre, une quête sans espoir de pouvoir et de mort.