L'histoire :
Née d‘une mère asiatique et d’un père occidental, Usun (qui veut dire Asperge en chinois, ce qui ne manquera pas de provoquer quelques quiproquos cocasses dans sa vie d’adulte) grandit au sein d’une famille aimante et attentionnée. Mais un petit grain de sable vient, subrepticement, se loger dans cette ambiance sereine. Ce grain de sable n’est autre que le comportement d’Usun, au mieux qualifié de bizarre par ses pairs (et par elle-même d’ailleurs), au pire moqué par ses camarades de collège. Jusqu’à l’incompréhension de certains de ses professeurs. La jeune fille se lance souvent dans de longues explications afin de leur démontrer qu’ils ont tort mais surtout, surtout, afin de tenter de leur expliquer son mode de pensée. D’éphémères mais récurrentes idées suicidaires en situations embarrassantes, Usun mène son petit bonhomme de chemin cahin-caha, essaie de persuader, elle-même et les autres, du bien fondé de ses interrogations et de l’indéfectible logique de sa pensée. Bref, des années collège un peu compliquées mais finalement sauvées par la rencontre inattendue avec… Un bouton. Une avancée cruciale, car elle lui permettra de se lancer dans sa vie d’adulte avec moins d’appréhension mais, peut-être, plus de défis encore.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si l’on voulait prendre une comparaison avec un objet familier pour traduire le plus fidèlement possible la trajectoire de vie d’Usun, ce serait probablement une boule de flipper. La jeune fille ne cesse de tenter d’aller à la rencontre des autres, sans y parvenir. Et comment y parvenir, car elle ne supporte aucun contact physique. Et dans sa tête, une autre boule de flipper, car d’incessantes et obsédantes questions viennent y ricocher, sans réponses. Nous sommes en présence de la narration d’un début de vie très touchant, situé du strict point de vue d’Usun elle-même, pour mieux en appréhender les atermoiements et le désarroi. Le dessin, simple et sans fioritures, s’inscrit dans une élégante tonalité sépia, dont le camaïeu semble signifier la monotonie de sa vie. Jusqu’au fameux jour de la révélation, probablement le plus important de son existence, une bascule dans la vie d’Usun, et incidemment dans le traitement graphique de l’album. Le récit oscille entre la volonté des auteurs de conter le plus justement et le plus sobrement possible le cheminement de leur héroïne, et à la fois le désir de se montrer didactique envers leur sujet, l’autisme. Par ailleurs, un petit précis qui donne quelques définitions succinctes et quelques données sur l’expérience personnelle de l’auteur, lui-même Asperger, vient clore l’album. C’est de cet équilibre ténu que nait, souvent, l’émotion.
