L'histoire :
Espagne, été 1915. La jeune Maxima Prado se remet à peine de la mort prématurée de son père et des mystères associés. En particulier du curieuses activités paternelles entrainant dans leur sillage découvertes archéologiques de haut vol et espionnage international. Elle goûte en tout cas pour l’heure, au creux d’un café madrilène, le talentueux récit d’un des habitués de l’établissement. L’homme s’interrompt pourtant, juste au moment où il s’apprêtait à livrer le fin mot de la légende. Celle du Roi Rodrigo qui, jadis, avait eu le malheur d’ouvrir la porte interdite. Celle du chef de guerre musulman Tariq qui lui succéda. Celle des fabuleux trésors et en particulier la merveille des merveilles : une table qui avait appartenu au Roi Salomon. Mais le bougre n’en dit pas plus, laissant le soin à Max de mettre sa curiosité en mouvement. Elle apprend bien vite que la table légendaire incrustée d’or, de perles et de pierres précieuses, permet de voir les sept cieux de l’univers c'est-à-dire simultanément : tout ce qui s’est passé, se passe et se passera. Mythe ou réalité ? Toujours est-il que non loin de là, Luna, la nouvelle associée de Max au sein de l’étrange magasin Curiosity Shop, reçoit la visite de Zdenek, une vielle connaissance autrichienne. Et justement, ce dernier invite Luna à se mettre avec lui sur le chemin de la légendaire table. Il a une sérieuse piste. La vieille femme refuse pourtant. Elle a d’autres chats à fouetter. Des qui se livrent dans des petites boîtes en fer, qui sentent la poudre, la contrebande d’armes, le conflit marocain et la Grande Guerre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est une seconde fois le brillant travail de Montse Martin qui capte l’attention, pour une partie graphique de haute tenue. Coup de patte charmeur, cadrages, finesse des détails, justesse des couleurs, mobilité des visages et crédibilité des mouvements... La séquence en gare de Tolède en toute fin d’album en est l’impeccable démonstration. Toutes ces qualités nous attablent au deuxième volet des aventures de Max – dite Curiosity – sans avoir besoin de nous prier. Chargé des mises en place roboratives, le premier tome multipliait, les protagonistes, sous-intrigues et petites révélations, dans un enchainement parfois complexe de séquences. Le tout sous la férule d’un contexte historique sous tension, une pointe d’espionnage et du mystère à velléité ésotérique pour tison. Usant du même canevas, ce nouvel opus gagne en fluidité pour une intrigue parfaitement indépendante de notre premier séjour madrilène. Après la machine à crypter, c’est au tour de la mythique Table de Salomon d’exciter moult appétits, au sein d'une course au trésor pleine d’enseignements. Contrebande d’armes, conflit marocain, première guerre mondiale, mafieux, organisation secrète ecclésiastique, complètent quant à eux le décor avec rythme et densité. Mais au-delà, c’est surtout l’impeccable alchimie des protagonistes principaux ou l’esquisse de leur psychologie qui génèrent de l’intérêt. On aime ainsi le jeu relationnel subtilement mis en place et son ambigüité. On se laisse avoir par ce bout de fille espiègle, volontaire et profondément humaniste qu’est Maxima Prado. On s’interroge sur la réalité et l’envergure du passé de sa nouvelle associée, Luna Sadicario. On se délecte enfin des fourberies de Valsapena, tout en se laissant toucher par certains masques de sa personnalité. Bref, un vrai récit d’aventures historiques, corseté par une chasse au trésor à la Indiana Jones (à suivre dans le prochain tome) et intelligemment suspendu au charisme naissant de ses personnages principaux.