L'histoire :
Les années 50 ne se sont pas déroulées comme on le croit. Une troisième guerre mondiale a éclaté et a ravagé la planète de radioactivité. Dans les rares zones encore vivables, qui se débrouillent donc en autarcie, la société est hyper contrôlée et restrictive. Les lois sont strictes et la répression totalitaire. Notamment une loi de l’enfant unique est soudain déclarée. Ainsi, dans la classe de Nathan, les rangs des élèves s’éclaircissent jour après jour… Sa meilleure copine Sarah sent une angoisse monter. Et à raison : du jour au lendemain, elle disparait, laissant Nathan dans l’incompréhension. Et impossible de demander des explications aux adultes : ce sujet est tellement tragique qu’il est tabou. Nathan essaie donc d’enquêter en solo… mais les autorités l’arrêtent et le raccompagnent chez lui et ses propres parents le réprimandent. Veut-il donc leur attirer des ennuis ? Nathan comprend qu’il est peut-être le prochain sur la liste des enfants enlevés par les autorités : ses parents vont certainement devoir choisir de garder sa grande sœur, plus mature, plus disciplinée… Ses craintes se concrétisent le jour où des gens masqués distribuent des tracts à la sortie de l’école pour expliquer le terrible processus d’enlèvements. C’est signé d’un groupuscule pirate, les « chiendents ». Et puis une nuit, Nathan surprend une discussion de ses parents, horrifiés par la décision qu’on les a obligés à prendre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Joe est le troisième album indépendant, adapté de la saga romancée et dystopique d’Yves Grevet… et c’est sans doute l’aventure la plus « concrète », celle qui permet d’entrer le mieux dans son contexte uchronique. Ce dernier est simplement rappelé en page de garde, en quelques brefs paragraphes : dans les années 50, la troisième mondiale a décimé 95% de l’humanité. Les 5% restants vivent dans des zones épargnées par la radioactivité. Soit il s’agit de jeunes au sein de maisons d’accueil, réduits en esclavage pour devenir des soldats lobotomisés (c’est ce que nous avons suivi jusqu’ à présent). Soit il s’agit d’une civilisation proche de notre contemporanéité, mais totalitaire… et c’est dans cet environnement médian que ce se déroule Joe. Notre héros adolescent se retrouve arraché de force à sa famille, pour être interné dans une maison d’accueil, ce qui représente sans doute le pire cauchemar pour un jeune de cet âge. Sur cette base bien flippante, interviennent des rebelles salvateurs, qui représentent l’échappatoire idéale au pouvoir absolutiste… pour un jeune de cet âge. La mécanique psychologique et le vent de liberté qui plaisent tant aux « young adults » (niche de la collection Log-in) se trouvent là et ils sont parfaitement accrocheurs. L’autre élément séduisant de cette aventure autonome vient du dessin de l’espagnole Maribel Conejero. Son semi-réalisme est certes académique, mais il est régulier, agréable, expressif et surtout complété par une colorisation subtile de Christian Lerolle, qui joue admirablement sur les ambiances et la lumière. En somme, un bon Meto !