L'histoire :
Dans la zone 17, l’une des zones blanches encore habitables par les humains sur le continent, Ursina fait une approche subtile d’une jeune femme dans un bus. Elle dit connaître sa sœur, elle établit une relation de confiance et se retrouve invitée chez elle. Puis, après avoir partagé un thé, elle demande où se trouvent les toilettes. Une fois seule à l’étage, elle rentre dans une chambre, remplace des médicaments dans le tube d’une table de nuit, va effectivement vider les anciens médicaments dans les toilettes et tire la chasse. En redescendant, elle annonce à son hôte qu’elle doit partir. Le soir même, le père de famille meurt de tétanie dans son lit, à la grande affliction du reste de la famille. Le lendemain, de retour au sein de sa maison d’éducation sur l’île, elle fait le bilan de sa mission devant une commission de deux matrones. Ursina se montre très sûre d’elle, fiable, étanche à toute sensiblerie, fière d’avoir fait honneur à son statut… un exemple pour les autres filles de sa promo. Elle est déjà volontaire à retourner en mission. Et elle sait que si elle devait retrouver sa famille première qui l’a abandonnée, elle leur fera payer leur faute. Or ça ne tarde pas : elle se retrouve de nouveau en entretient préalable, avec un vieil homme entre les deux matrones. Elle l’identifie aussitôt comme étant le redoutable Maître Jove…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec la série d’anticipation romanesque Meto, Yves Grevet a mis en place un univers dystopique très prégnant auprès des « young adults ». Le roman de base a déjà été adapté chez Glénat en une trilogie BD. Voici à présent deux épisodes autonomes dans cet univers. Et en préambule, un descriptif du contexte, qui manquait cruellement à la trilogie BD, permet de bien cerner le pourquoi et le périmètre de cette société absolutiste et post-apocalyptique. Elle est le résultat d’une guerre nucléaire ayant eu lieu dans les années 50. Et différents survivants se sont organisés et spécialisés dans des zones « blanches », les uns civils tentant simplement de survivre, les autres spécialisés selon différentes fonctions, au sein d’une organisation post-militaire déshumanisante, tentant d’instrumentaliser ces innocents civils. Et évidemment, les personnages que l’on suit sont en pleine construction de leurs personnalités, à l’âge des young adults. Ursina est ainsi une jeune et efficace espionne, endoctrinée au service du pouvoir dominant, pour effectuer des actions de terrain. A travers le dessin du belge Andrea Delcorte, nouveau venu dans le 9ème art, on la suit en pleine remise en question de son endoctrinement, pourtant présenté initialement comme l’un des plus fiables. En creux, le scénario pose la question de la rivalité entre l’innée et de l’acquis dans la construction de l’âme. L’endoctrinement « patriotique » peut-il être plus fort que les racines ? Conserve-t-on l’amour familial dans ses gênes ? La fin en queue de poisson de cet épisode autonome ouvre une conclusion quelque peu manichéenne…
