L'histoire :
En 1917, Adolf Hitler est un simple soldat allemand engagé dans les tranchées. Il trimballe alors sans grande conviction son chevalet et ses pinceaux (il sort des beaux arts). Entre deux portraits de son chien dans son bunker enterré, il fait le facteur pour ses camarades. Cette nuit là, durant sa tournée, il croise son homologue chez les poilus et lui balance une grenade. Mais son con de chien lui rapporte, croyant que c’est un bâton pour jouer. Hitler est blessé : il perd un testicule. A l’hôpital de campagne, tandis que les grands mutilés se tapent des infirmières bataves, lui a droit à une grosse femme de ménage moche. Or, il l’ignore, mais malgré son handicap, un petit spermatozoïde parvient secrètement jusqu'à son but… Bien des années plus tard, Hitler est devenu Führer et son troisième Reich occupe la France. Dickie, jeune paysan normand et rondouillard, est considéré par ses voisins comme un collabo. En réalité, il cache Vickie, une pette juive, dans sa cave (pour pouvoir la mater dans son bain) et il en fait de même pour un parachutiste américain tombé dans son champ. Bon, étant donné que l’américain se tape Vickie dans son bain, il les dénonce… et devient définitivement une cible à abattre pour les résistants. Dickie l’ignore alors, mais il est en réalité le fils d’Hitler et de la femme de ménage ! Or le Führer et sa compagne Eva cherchent justement (en vain) à assurer leur descendance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Que ceux qui considèrent qu’on ne peut pas rire avec Hitler et les chambres à gaz passent immédiatement leur chemin. Prenant le contrepied total de l’horreur qu’inspirent d’ordinaire l’idéologie nazie et le Führer, le flamand Pieter de Poortere prend plutôt le parti de l’humour cynique et politiquement incorrect. Or si vous appréciez le type d’humour second degré et grinçant, c’est franchement hilarant ! Jusqu’alors, le personnage burlesque et ventripotent de Dickie, avec sa tronche inexpressive de Playmobil®, faisait beaucoup rire chez les Requins Marteaux. Le voilà cette fois chez Glénat dans le rôle du fils d’Hitler, à travers des aventures toujours muettes et rocambolesques, complètement loufoques, dessinées à l’aide d’un trait simple, épais et parfaitement cohérent avec le ton. Voyez le genre : chaque nouvelle séquence est introduite par une double pleine page panoramique, une vaste vue d’ensemble avec plein de monde partout, proposant au lecteur de trouver où est le personnage vedette (à la mode du célèbre Où est Charly ?). Dans les tranchées, à Auschwitz, sur une plage du débarquement, on suit alors à travers un gaufrier régulier de 9 cases par planche une relecture de la seconde guerre mondiale délirante et « bon enfant »… Eh oui : tout en exterminant et en ravageant l’Europe, Hitler parait ici « plutôt sympa » : il veut juste être papa. De Poortere fait valser les tabous et ponctue souvent ses péripéties de gags visuels surprises qui vous feront hurler de rire (sa tentative de suicide est ultime !). Jubilatoire !