L'histoire :
Jérôme est un artiste plasticien et un performeur qui s’est donné une mission : mettre en lumière la souffrance animale, qu’elle soit dans les laboratoires ou dans les musées. Beaucoup d’artistes utilisent en effet l’animal comme support d’expression, et n’hésitent pas pour cela à les tuer, les malmener, les greffer… Epaulé de plusieurs complices, Jérôme s’emploie à interférer dans ces travaux pour faire ressortir ce qu’ils ont d’horrible, signant toujours ses œuvres composites ainsi créées du nom de grands artistes ou activistes pour la cause animale. Bientôt visé par une enquête de police, Jérôme et sa bande redoublent d’actions chocs, au point de mettre les siens en danger. En faisant sienne la souffrance animale, il va jusqu’à jouer avec sa propre vie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Disons-le clairement, par son propos et son graphisme puissant, ce livre n’est pas à mettre entre toutes les mains. Il met en avant un problème assez largement méconnu : l’exploitation et la maltraitance des bêtes pour le compte d’œuvres artistiques. Michel Durand en profite pour cibler de nombreux artistes usant de tels procédés. Doit-on, sous couvert artistique, autoriser la souffrance animale, alors même que les questions de spécisme n’ont jamais été autant d’actualité ? L’auteur peint une galerie de personnages crédibles, à commencer par Jérôme, dont on ne sait jamais trop s’il n’utilise pas, lui aussi, la souffrance animale comme un support pour son art, servant ainsi, dans un déluge d’hypocrisie, sa propre cause plutôt que de grands idéaux. Ses choix sont de plus en plus dérangeants, et l’amènent toujours plus près d’un point de non-retour… Si le scénario se trouve par moment alourdi par les histoires annexes de ses complices et que le dessin, bien qu’efficace, manque parfois de profondeur, il n’en demeure qu’Espèce(s) est un livre intelligent et extrêmement audacieux, dont on ne ressort pas tout à fait indemne.
