L'histoire :
Ce jour là, le chauffeur routier Martin Bonsoir (c’est son nom) traverse la province de Québec sous la neige. Il peste contre les prévisions météo qui n’avaient pas prévu cette averse abondante, lorsque son camion se met en travers d’un virage en épingle à cheveux. Impossible de le débloquer sans pelle. Il part donc à pied en direction du plus proche village : Saint-Christophe, 4 km… Crisse ! Mais la nuit tombe vite et il est frigorifié. Il trouve refuge auprès d’une maisonnette isolée. Epuisé, l’esprit engourdi, Martin peine à trouver les mots et la propriétaire, méfiante, l’accueille avec un fusil. Puis devant l’état de faiblesse du routier, la quinquagénaire finit par le faire entrer en l’épaulant. Esmé, c’est son nom, lui fait une bonne tambouille à base de lard et de fève, puis elle l’invite à rester dormir la nuit. Martin profite alors d’une chambre d’enfant douillette, avec des posters de camions épinglés au mur. Le lendemain, après un nouveau généreux breakfast, c’est elle qui prend les opérations de déneigement en main. Elle connaît bien les camions, sait où placer le sel, où donner de la pelle et trouve la solution au dégel du liquide des freins. Puis, avant de laisser Martin repartir, elle l’invite une nouvelle nuit chez elle. Elle lui présente alors le superbe camion de son défunt mari. Le lendemain, au moment des adieux, elle demande comme un service à Martin : qu’il l’emmène avec lui, car elle a toujours rêvé de voir le grand canyon et c’est sa destination. D’ailleurs, ses bagages sont déjà prêtes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un one-shot de la collection Rebelles (une biographie de James Dean) et le diptyque Red Bridge, le couple Charles (Jean-Charles et Maryse) poursuit sa collaboration fructueuse avec l’artiste italien Gabriele Gamberini. Le scénario de ce nouveau one-shot se situe dans un cadre et une veine romantique similaires à Red Bridge. Nous voici embarqués en Amérique du Nord, pour un road-movie sensible et touchant, à bord d’un camion truck, aux côtés d’un couple de personnages qui mène exclusivement les débats : Martin et Esmé. L’entièrement du récit est occupé par la relation de plus en plus forte entre ce routier béotien et cette femme d’âge mur. Lui se laisse faire ; elle sait ce qu’elle veut mais dissimule un lourd secret… Les contours du dénouement de leur histoire relativement platonique se dessinent alors progressivement, dévoilant une belle idée de l’humanité. Et les évènements rejoignent la métaphore : il suffit d’un virage mal négocié pour que la vie prenne un nouveau tournant. Peintre avant tout, Gamberini dessine les 140 planches de ce petit format original à la gouache, dans une veine ultra-réaliste stupéfiante. Le degré de réalisme est tel qu’on a par moment l’impression qu’il existe un filtre Photoshop® permettant d’aboutir en un clic à ce résultat (ce qui n’est pas le cas… ou en tout cas pas de cette qualité). Au final il ressort une bien belle histoire, tout public, brillamment mise en images, qui saura tirer une petite larme chez les lecteurs les plus émotifs…
