L'histoire :
Paul Gauguin arrive en gare d’Arles. Il vient rendre visite à son ami Vincent Van Gogh. Il s’arrête au bar L’espérance pour boire un café et demander son chemin au patron qui ne manque de lui dire : « Le peintre un peu fada, il habite la grande maison jaune ». Paul Gauguin se rend à l’adresse. Il y est accueilli les bras ouverts par son ami hollandais. Van Gogh lui fait découvrir les merveilles d’Arles et ne manque pas de lui dire qu’une fois qu’il aura compris ce pays, il ne pourra imaginer sa vie ailleurs. Gauguin demande à voir, lui qui n’a depuis l’enfance jamais eu peur de rompre les amarres, pour voguer vers de nouvelles aventures. A 17 ans, il a embarqué à bord du Luzitano en qualité de novice. La mer a été son premier amour. Il y a accompli son service militaire Il a même combattu lors de la guerre de 1870. Il aime la mer parce qu’elle est toujours porteuse de promesses. Il n’a jamais compris pourquoi les hommes passaient leur vie entre quatre murs. Van Gogh lui fait découvrir la magie des couleurs du Sud de la France. Ici, les jaunes sont chauds, loin de leur côté pisseux de son pays, pareil à une vache qui urine dans un pré…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Paul Gauguin est le peintre-aventurier par excellence. Son amour pour le grand large l’a conduit à travers tous les continents et à quitter femme et enfants à l’âge de 35 ans, pour vivre pleinement de son art. Tant et si bien qu’il a fini sa vie dans les îles Marquises à croquer des vahinés dénudées. Pas mal, non ? Mais ici, point de fleur de tiaré de cocotiers ou de nature luxuriante au programme. Avec justesse et empathie, Patrick Weber choisit de dépeindre le portrait de Gauguin à travers une étape-charnière de sa vie, entre sa période bretonne et tahitienne : les deux mois qu’il a passé en compagnie de son ami hollandais Van Gogh. Deux mois d’amitié où la passion créatrice est devenue destructrice autour des Alyscamps. Deux mois à picoler, à refaire le monde, à faire des œuvres en veux-tu en voilà. Les deux hommes passent leur temps à se quereller. Van Gogh porte aux nues Daumier, Ziem, Daubigny... Paul Gauguin les déteste et préfère Ingres, Raphaël et Degas. Gauguin crée ses fameux Van Gogh peignant des tournesols et Portrait de l’artiste au Christ jaune en s’inspirant de son alter ego. Au bout du compte, les deux hommes ne pouvaient plus se voir « en peinture » et leurs chemins se sont séparés. Van Gogh mourut un an et demi plus tard à Auvers-sur-Oise. Un petit bémol sans conséquence sur la qualité de l’album : le récit s’articule un peu trop d’ailleurs sur Van Gogh pas assez sur Gauguin et ses impressions. On aurait aimé en savoir plus sur son fort intérieur que le dossier en fin d’album comble aisément. Aux côtés de Patrick Weber, son compère de Ouessantines, on retrouve Nicoby, habitué de la Revue Dessinée. Son trait désinvolte et libre colle parfaitement au personnage de Gauguin qui, quelque mois après cet épisode (en 1891, précisément), quitte la France pour la Polynésie et Tahiti où son art atteindra son apogée.