L'histoire :
Le lieutenant de police Djida Feschaoui et sa jeune sœur Drissia sont retenues contre leur grès dans un village algérien, par les hommes de leur propre famille, sous l’emprise spirituelle des intégristes islamiques. En effet, pour sauver sa sœur d’un mariage forcé, Djida a fait appel à Gil Saint-André, un chef d’entreprise aventurier dont elle est secrètement amoureuse. Le plan est simple mais risqué : les deux sœurs doivent s’échapper et attendre aux abords d’un aérodrome abandonné que Gil les rapatrie en France avec un avion de tourisme. Mais un imprévu vient perturber le programme : en France, la femme de Gil est kidnappée par les proxénètes qui ont, il y a quelques temps, exploité sa sœur jumelle Viviane. Immobilisé à l’hôpital, Gil se pointe avec 4 jours de retard au rendez-vous en Algérie. Il se fait alors aider par Tej, un jeune homme qui a lui aussi un compte à régler avec le GIA (groupe islamiste armé). Les deux hommes parviennent à localiser le repaire des intégristes et à faire un prisonnier. C’est le moment que choisit ce combattant du djihad pour se repentir et les aider. Ensemble, de nuit, ils pénètrent dans le repaire des terroristes, tuent 5 hommes pour sauver leur peau et libèrent Djida. Puis ils tentent de récupérer Drissia chez elle, en raisonnant la famille…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Double Sacrifice pour Gil Saint-André, dans ce dernier épisode du second cycle (tomes 6, 7 et 8). Tout d’abord, il doit abattre froidement 5 terroristes, qui n’en restent pas moins, reconnaît-il, des hommes embrigadés. Au scénario, Jean-Charles Kraehn marche sur des œufs en abordant frontalement ce sujet sensible, à l’heure où les medias amalgament à tout va terroristes, islamistes radicaux et pratiquants modérés. Judicieusement, au-delà de la narration traditionnelle, le scénariste utilise de nombreuses voies off pour bien spécifier l’état d’esprit dans lequel se trouve son héros. Au passage, bien entendu, le dessin réaliste de Sylvain Vallée – et les couleurs de Patricia Jambers, « Madame » Kraehn – sont toujours affûtés et efficaces. Aussitôt après cette première intrigue conclue à la moitié de l’album, Kraehn enchaîne avec le dénouement de l’enlèvement de sa femme par les ex-maquereaux de sa belle-sœur (ça parait un peu compliqué à première vue, mais en fait c’est assez limpide). Là intervient le second Sacrifice, orienté côté romance… Gil choisira t-il la passion torride avec la brune Djida, à qui il vient de sauver la vie ? Ou préfèrera t-il la raison aux côtés de sa blonde Sylvia, mère de sa fille, séquestrée au sein d’un sordide réseau de prostitution et, pour couronner le tout, atteinte d’un cancer incurable ? On n’est pas du genre à vendre la mèche… Courrez plutôt vous procurer la conclusion de ce « thriller d’aventures » qui ravira un très large public. Admirable par bien des aspects et, qui plus est, tout à fait palpitant, Gil Saint-André est très certainement la série la plus réussie de la collection Bulle noire, aujourd'hui réédité à travers une nouvelle maquette...
