L'histoire :
Gil se réveille à l'hôpital après un coma de trois jours suite à l'explosion de sa voiture, tandis que Djida et sa soeur Drissia, qui se sont enfuies de la demeure familiale à Aïn Beda, l’attendent au point de rendez-vous convenu, anxieuses de son retard. Après la visite de sa femme lui reprochant de porter plus d'intérêt à Djida qu'à sa propre belle-soeur, Gil quitte l'hôpital et décolle pour l'Algérie, laissant à la police belge le soin de retrouver Viviane. Son contact M. Boudjena lui semble suffisamment ouvert pour que Gil lui révèle le véritable but de sa visite : sauver une jeune fille d'un mariage forcé. Accompagné de Tej, le neveu de M. Boudjena, Gil apprend que durant son hospitalisation, Djida et sa soeur ont été enlevées par des combattants intégristes. Sous couvert d'un reportage photo, les deux hommes se rendent à Aïn Beda où Gil parvient à entrer en contact avec Drissia. Celle-ci lui révèle que sa famille l'oblige à épouser Brahim, le cousin du Cheikh Jafer, l'Imam de la région entretenant des liens avec le FIS. Ce dernier retient Djida prisonnière pour forcer Drissia au mariage. Après avoir échappé de justesse aux hommes du Cheikh, Gil et Tej se lancent sur la piste de Djida, prisonnière des hommes du Cheikh.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Collant très fortement à une actualité brûlante, Jean-Charles Kraehn (Tramp, Bout d’homme…) poursuit un deuxième cycle de Gil St André plus mature. Mettant de côté l'intrigue sur la soeur de Sylvia, l'auteur se concentre sur le destin dramatique de Djida et Drissia. Loin du banal cliché, Kraehn parvient à trouver le ton juste pour évoquer le calvaire vécu par de nombreuses femmes musulmanes, en évitant le piège du spectaculaire et de l'émotionnel. Sylvain Vallée, dont le dessin précis et élégant sert parfaitement l'histoire, fait preuve ici d'une maîtrise extraordinaire des expressions sur les visages, absolument nécessaires à la compréhension des non-dits, notamment entre Gil et sa femme. La très grande force de cette série réside sans aucun doute dans l'ambivalence de son héros, toujours prêt à courir des risques pour ses proches, mais en même temps emprunt d'une faiblesse certaine, voire même de lâcheté en ce qui concerne sa vie privée. Sans nul doute, cet album confirme Gil St André comme la série phare de la collection Bulle Noire, aujourd'hui réédité à travers une nouvelle maquette.
