L'histoire :
Île de Louma, archipel de Kapouaris. Un jeune papa et sa petite fille (toute bébé) débarquent. Les deux voyageurs s’attardent dans une auberge pour que le papa goûte un petit rafraûchissement et s’empiffre d’un « roumba-pan », un succulent sandwich. Il en profite également pour passer un coup de fil à sa mère. La discussion s’envenime. L’homme refuse de dire où il est exactement après que sa mère lui refuse de lui expédier de l’argent. En attendant, la petite se contente, elle, de gazouiller quelques petits : « Goligoli ! ». Ensuite, profitant du soleil et avant d’aller trouver un hôtel pour les héberger, le père et sa fille s’étendent dans l’herbe. La petite en profite pour faire ses premiers pas. Le papa s’empresse alors d’immortaliser l’instant en la photographiant. Mais il semble que ce soit définitivement un jour de déveine : dans sa précipitation, il trébuche et tombe de la falaise pour un plongeon de plusieurs dizaines de mètres ne lui laissant aucune chance de survie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette nouvelle série jeunesse qui débarque sous le label Tchô ! nous invite à faire la connaissance de Lila, une jeune adolescente (12/13 ans ?) à l’énergie communicative et à l’histoire personnelle suscitant une rapide empathie. Surtout, elle propose de découvrir un univers singulier nimbé de légende, de fantastique et caressé de « nostal-poésie ». Ainsi s’étirent deux fils narratifs. L’un est plutôt confié à la découverte de la vie quotidienne de Lila : l’école, les relations avec les autres ados (chipies expertes en saloperies de tous genres, amoureux, copains…) et la famille adoptive. L’autre, moins terre à terre, entrelace les légendes insulaires liées à un gros rocher mystérieux (La Grande Ogresse), les coutumes et la douleur de l’absence paternelle (et sûrement maternelle, bien que peu voire pas évoquée). Plutôt alimenté par un terreau nourrissant, cette mise en bouche est à demi-convaincante. On peut même dire qu’elle est sauvée par le dernier tiers du récit, mieux construit, plus lisible, alimenté par de vrais rebondissements et un impeccable cliffhanger. Et qui, surtout, vise enfin juste en réussissant son double objectif initial : attendrir – en rendant le personnage principal enfin attachant – et titiller notre curiosité – en faisant éclore un véritable mystère à tendance fantastique. Car à l’inverse, les deux premiers tiers se prennent trop souvent les pieds dans le tapis en confondant rythme punchy et confusion. Reste alors le sentiment de suivre un récit hyper « bruyant », qui tombe rapidement des mains. D'ailleurs, si la rondeur du dessin et son incroyable énergie restent un bel atout, elles participent aussi à ce déploiement confus qui s’agite au début. A suivre donc avec intérêt tout de même, en espérant que la prochaine étape sur l’île de Louma soit convaincante de bout en bout.
