L'histoire :
Quelque part en Italie, au tout début du XVIe siècle… Fatigués des carnages, les puissants états du nord décident de faire taire les canons en confiant leurs conflits à des duellistes de métier. Pour défendre l’honneur de leurs commanditaires, les combattants se retrouvent alors, au petit jour, une pistole milanaise à rouet au bout du bras, pour tirer à 30 pas sur leur adversaire. Au bout : la gloire ou le trépas… Un duelliste ne peut se soustraire au combat. Horacio d’Alba, le sait bien, lui qui, par un triste matin, au bout de son arme, a trouvé Niobée, la mère de son propre fils. Ce jour là, il a gagné le droit d’apprendre à Julius, la mort de sa mère par sa main…Horacio d’Alba est l’un des plus fameux de ces combattants : huitième prince-duelliste de la célèbre Académie Démocrate. Néanmoins la société change et au Sénat, Rembrandt, l’un des membres de l’Assemblée, souhaite abolir les duels pour que la République rejoigne enfin le camp de la civilisation. Désormais en âge d’entrer dans l’Académie de duellistes de son père, Julius refuse. Il préfère en effet rejoindre le camp du sénateur réformiste, pour consacrer sa vie à détruire le métier qui lui a enlevé sa mère. Le monde bouge, incontestablement. Et pour éviter qu’il ne le fasse trop rapidement, les recteurs des 2 Académies duellistes rivales (Démocrate et Timocrate) se rencontrent dans le secret des anciens Thermes d’Auguste. Au bout de leur entente, un plan mettant en scène 3 des meilleurs duellistes de chaque Académie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Scénario addictif, dessin haut de gamme… Pour leur toute première bande dessinée, Jérôme Le Gris et Nicolas Siner se placent immédiatement dans la catégorie des « tout bon » à suivre de prêt. Pour terreau, le scénario proposé utilise le contexte historique de la Renaissance italienne (XVIe siècle). Une période où arts, sciences, philosophie et bouillonnement religieux invitent à un irrémédiable changement. Fort de ce constat, le récit présente une cité du nord de l’Italie, purement fictive (La République du point d’honneur), dans laquelle, pour faire régner ordre et paix, le règlement des conflits et des querelles est confié à des duellistes de métier. Autour d’un des plus fameux d’entre eux (Horacio d’Alba), Jérôme Le Gris entrelace minutieusement, dans cette mise en bouche, les éléments d’une aventure à fort potentiel épique : sens du devoir, tragédies familiales, rivalités entre Académies de duellistes, manigances politiques, complots, confrontation d’ordre ancien et nouveau… permettent à chacun des personnages clefs de prendre sa place avec soin. Chacun d’eux développe, du coup, assez rapidement une force charismatique pesée au poids « du juste ce qu’il faut ». Du point de vue de l’histoire en elle-même, rien n’est vraiment révolutionnaire et c’est surtout la force d’une narration ciselée au millimètre qui emporte notre béate adhésion : dosage de l’action, rebondissements intelligents, dialogues et découpage sont redoutables d’efficacité. Bref, on n’en perd pas une miette, au long de plus de 50 pages passionnantes de bout en bout. Annoncée sur trois tomes, la série tire aussi sa qualité de l’excellent travail de Nicolas Siner. On apprécie en particulier la justesse des cadrages, la variété des physionomies, le travail des décors, les perspectives, les lumières et les contrastes de la colorisation. Une des belles surprises de 2011, réédité en 2016 par Glénat, à l'occasion de la sortie du tome 3 !