L'histoire :
Dans une petite ville de banlieue en Ile de France, Morgane et Franck, son petit copain, assistent à une rencontre de foot. Le match est interrompu quand Yassine traverse le terrain sans se soucier du match et s’approche des gradins. Se moquant éperdument de Franck, Yassine fait une déclaration d’amour à Morgane lui promettant un avenir radieux. Quelques jours plus tard, Morgane se sépare de Franck et se met en couple avec Yassine. 6 ans plus tard, le couple est installé dans un petit pavillon. Mais l’ambiance n’est plus aux déclarations enflammées. Yassine est jaloux : il consulte les messages du téléphone de Morgane. Il est persuadé qu’elle a un autre homme dans sa vie. Quand Morgane passe l’aspirateur, son copain ne supporte pas l’idée qu’il puisse rester un seul grain de poussière. Installé dans le canapé, il la surveille. Il sort uniquement du silence pour prévenir Morgane que dans une heure, il la défonce.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En France, en 2021, selon l’Observatoire National des violences faites aux femmes, 122 femmes ont été tuées par leur partenaire (contre 23 hommes), ainsi que 14 enfants. C’est donc un thème tristement d’actualité que Laurent-Frédéric Bollée (scénariste) et Francesco Dibattista (dessin) traitent en adaptant le livre de Morgane Seliman (publié en 2015). Si le récit de cette femme tombée sous l’emprise d’un conjoint violent débute comme un conte de fée, il va virer au cauchemar. Yassine va rapidement se montrer colérique, jaloux, autoritaire et très violent psychologiquement et physiquement. L’arrivée d’un enfant ne va rien changer. Pire, il va alimenter sa jalousie pensant que ce fils n’est pas de lui. Le calvaire de cette femme est une histoire bouleversante et révoltante. Avec ce compagnon manipulateur, explosif, imprévisible, Morgane est en permanence sur le qui-vive : la tension est palpable à chaque page, notamment lors des comptes à rebours pervers de Yassine avant certains accès de violence. La conclusion de cette histoire laisse un goût amer avec un sentiment d’injustice et le fait que la peur reste toujours du même côté. Le dessin de Francesco Dibattista est sobre avec une mise en page relativement classique.