L'histoire :
Une fois le concert fini, Dominique A et Michel, son manager, prennent un verre dans un bar. Celui-ci l’informe qu’il a reçu une lettre d’un admirateur. Une lettre assez particulière, avec des lettres découpées et collées. Le message est sans équivoque : « J’aurai ta peau Dominique A ». Alors que le chanteur paraît inquiet, Michel trouve cela génial. C’est tout bénéf’ pour sa carrière, lui le chanteur à texte, au succès confidentiel. Le lendemain, Dominique A se rend au Théâtre des Variétés pour retrouver Michel. Dans les coulisses, il échappe de peu à un mystérieux homme qui tente de le poignarder. Mais pourquoi diable veut-on s'en prendre à lui ? Son ami Philippe Katerine est tout aussi dubitatif : qu’on s’en prenne à un chanteur célèbre (comme lui !) passe encore… mais un chanteur aussi peu célèbre que lui, qui n’est pas le genre à faire des vagues, c'est étrange…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Décidément, Arnaud Le Gouëfflec et Olivier Balez ont l’art du décalage sur fond musical. Ils avaient déjà pondu l’excellent Chanteur sans nom, avec un esprit très absurde. J’aurai ta peau Dominique A est de la même veine, avec une note de Dans la peau de John Malkovitch. Le Gouëfflec met donc en scène des personnages existants, mais il raconte leur histoire à travers le prisme déformant du surréalisme. Le point de départ de l’histoire, digne d’un polar, est simple : des menaces de mort pèsent sur un chanteur ; qui en est l’auteur ? Ensuite, le scénariste s’amuse avec les codes du genre, en mettant en scène une galerie de personnages haute en couleurs : le déjanté Philippe Katerine, le trucculent impressario de Dominique A, Michel, l’étrange sosie de Dominique A, la voyante qui lit dans la fumée de cigarettes et le meurtrier glauque à souhait (avec un côté Blast). Les joutes verbales au boxling entre Dominique A et Katerine (amis à la ville) sont hilarantes à souhait. Toutes ces trouvailles narratives donnent un formidable relief au récit. La mélodie graphique de Balez se signale aussi par son extraordinaire inventivité. Quand Dominique A est pourchassé par une horde humaine dans une forêt, des bois de cerfs poussent sur son crâne. Lorsque Dominique A est en quête d’identité, une empreinte digitale se substitue à son visage. Et que dire des couleurs directes qui font la part belle aux zones d’ombre du dessin. Le Chanteur sans nom avait placé la barre très haut. J’aurai ta peau Dominique A ne parvient à sa hauteur, ce qui n’empêche pas aux lecteurs de passer un moment assez jubilatoire. On en redemande !