L'histoire :
Paris. Le suspect portant un blouson en cuir rouge s'engouffre dans la bouche de métro de la place de la République. Sur ses talons, l'officier Rhym, une jeune femme sure d'elle et déterminée le prend en filature. Luc Richard, l'homme au blouson en cuir rouge, est un dealer qui doit rejoindre un client pour le plus gros deal de sa carrière. L'officier se faufile dans la foule regroupée sur le quai du métro, puis tente d'identifier le client. A l'approche de la rame de métro, tout s'emballe. Le client relève la tête après avoir ramassé une pièce qu'il a faite tomber. Son regard inquisiteur croise celui de de Rhym. Son instinct le pousse à sortir un flingue et à tirer. Étonnement la balle se détourne à l'approche de Rhym et touche Luc Richard en pleine tête. Sous le choc, l'officier ne comprend pas comment la balle a pu l'éviter comme un projectile à tête chercheuse. L'homme voyant l'officier reprendre ses esprits lui balance une sorte d'herbe au visage, de la Tourmentine qui a la faculté de supprimer le souvenir à quiconque la respire. Ce dont l'homme ne se doutait pas, c'est que cette plante n'a aucun effet sur l'officier Rhym. Dans le dédale des couloirs du métro, la chasse à l'homme est lancée...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
De prime abord, ce scénario pourra paraître bateau pour les amateurs de récits d'espionnage. En gros : des agents des renseignements français et de police vont allier leurs forces pour contrer une mystérieuse organisation secrète qui opère dans l'ombre et qui souhaite anéantir la capitale française. Évidement, résumé ainsi, le scénario ne donne pas envie. Mais la force de cet album est d'avoir transposé cette thématique au registre fantastique. Ne vous y méprenez pas, nos personnages principaux ne se baladent pas avec des pistolets à plasma ou des sabres lasers sur une planète affublée du nom d'une lettre grecque. Les deux agents sont armés de flingues, mais surtout de sortilèges en tous genres. Ce dernier point fait tout l’intérêt du scénario. Le lecteur découvrira de nombreux sorts, de l'Atlantide aux balles dagyde capables de toucher la cible sans la viser directement. Mathieu Gabella, le scénariste, réussit à rendre cohérent un genre d'ordinaire très réaliste, le renseignement et la géopolitique (cf. les séries Empire USA, Insiders ou encore Alpha) mais avec une grosse louche de fantastique. L'idée d'ajouter de la sorcellerie avec des marabouts, des médiums et autres dons est vraiment bonne et confère toute sa plus-valu à l'histoire. Au dessin, Fernando Dagnino nous livre de très belles planches, bien équilibrées. Via son trait réaliste, l'auteur nous transporte dans les rues pleines de vie de la capitale française, jusque dans les coins les plus sombres des catacombes. Le découpage des planches est dynamique à l'image de l'aspect graphique de l'album. Les scènes d'actions sont nombreuses et les dialogues pertinents plutôt courts, ce qui tranche radicalement avec les pavés d'explication géopolitiques des autres récits du genre. Une belle découverte !
