L'histoire :
Edward Prendick est en train de crever, sur une barque à la dérive au beau milieu d’un océan. Cela fait même plusieurs jours qu’il croit être déjà mort, lorsque son faible état de conscience aperçoit un navire et deux hommes qui l’extirpent de son canot. Le voilà à bord d’un navire inconnu, qui transporte des cages contenant des animaux sauvages. Montgomery, le médecin du bord, le soigne. Après plusieurs jours, Prendick reprend des forces et se pose des questions sur ce curieux bateau et sa destination. Les hommes du bord se disputent beaucoup à propos du chargement animalier. A un moment, même Prendick est fichu à l’eau, considéré comme parasite… puis repêché aussitôt par Montgomery. Finalement, ils accostent sur une petite île tropicale. Montgomery libère des dizaines de lapins en cages. Puis des hommes dissimulés sous de larges chasubles s’occupent de déharger les cages contenant les gros félins. Prendick fait alors la connaissance du propriétaire de l’île, le « docteur » Moreau. L’homme est accueillant, mais autoritaire, bedonnant et mystérieux. Il ordonne que Prendick soit mis à l’écart, dans une pièce fermée, dont une unique porte donne sur l’extérieur, côté plage. Semi-reclus, Prendick s’interroge sur ce qu’il se passe sur cette île. Des cris terrifiants l’incitent à aller voir dehors. De plus, il se souvient de ce Moreau, qui avait défrayé la chronique quelques années plus tôt, en raison de ses expériences honteuses et cruelles sur des animaux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cette adaptation BD en one-shot de L’île du Docteur Moreau, le scénariste Dabbs clôt la collection dédiée aux plus grandes œuvres de HG Wells. Ceux qui ont lu le roman originel se souviennent sans doute de la problématique générale : sur une île tropicale oubliée, un « docteur » fou pratique des expériences contre-nature pour mélanger des hommes et des animaux sauvages. Dans le fond, l’œuvre questionne sur les fondements organiques des règnes humain et animal, sur le rapport à la douleur, la liberté de conscience et les limites éthiques des expérimentations. Certains peuvent aussi décrypter, dans les dernières pages, une vocation écologique, s’agissant de l’équilibre précaire de la chaine alimentaire, entre proies et prédateurs. Le terrain tropical isolé s’avère propice pour renforcer le sentiment de huit-clos et mettre en scène des fuites et des hallalis épiques et sauvages. Attention, cette histoire est violente et le dessin réaliste de Fabrizio Fiorentino ne se prive pas d’honorer cet aspect en livrant des trognes abominables de mutants, des giclées d’hémoglobine. Régulièrement ponctuée de séquences d’action, sa mise en scène est spectaculaire et la tension optimale. Après cette lecture, vous ne regardez plus tout à fait votre chat comme avant…
