L'histoire :
À bout de forces, un groupe composé de soldats et de civils russes s’éloigne péniblement du front. La première Guerre Mondiale s'étire et si cet ignoble conflit meurtrit les corps, il épuise aussi les esprits les plus sains. Pour soulager le moral des troupes, le soldat Zvoga, ancien capitaine de son état, préconise une halte dans un manoir isolé près duquel ils passent. Ce n'est pas du goût de son lieutenant, mais ce sera l’occasion pour le « Doc » de soigner les blessés et d’offrir à ses filles qui l'accompagnent, Natalia et Irina, un peu de repos. La Baronne qui vit dans ces lieux avec les siens les accueille malgré elle, mais elle leur dissimule un secret. En effet, dans les murs de sa propriété, vit caché un groupe d'enfants qu'elle tente de préserver de la guerre et de ses ravages. Une nuit, Natalia les découvre ; mais ces derniers la prennent tout de suite en amitié grâce aux histoires merveilleuses qu’elle leur conte et qui allègent leurs souffrances et les tourments de la guerre. Or la barbarie des hommes n’est jamais très loin. En effet, une mutinerie se prépare au sein du groupe de soldats. Des rumeurs inquiétantes commencent à circuler au sein du groupe. On aurait vu la « dernière ombre » roder en ces lieux...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Difficile de décrocher dès les première planches de cette bande-dessinée écrite par Denis-Pierre Filippi et mise en images par Gaspard Yvan. En mélangeant les genres sur un fond de conflit inhumain, les auteurs arrivent d’entrée de jeu à planter un univers singulier et ô combien prenant ! Et même si le Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro se pose d’emblée comme une influence majeure dans les ambiances, force est de constater qu’on y retrouve aussi pas mal de références au cinéma horrifique ibérique, à l’instar de films comme L’Orphelinat ou L’Échine du Diable qui flirtent également avec le sujet de l’imaginaire, la guerre, l’enfance, la mort etc. Mais loin de se contenter d’une réédite de ces atmosphères, les auteurs développent une trame bien ficelée, qui amène plusieurs niveaux de lectures avec, en filigrane, les horreurs de la guerre et l’insondable résilience humaine. Au final, ce premier tome pose des bases très intéressantes qui allient l’action et le fantastique, avec un brin d’onirisme particulièrement réussi. On sent que le tandem Filippi / Yvan maîtrise à merveille son sujet avec des ambiances intenses. On attend la suite (et fin) avec impatience !