L'histoire :
Depuis que De Jong a littéralement pris feu devant elle, Jeanne, alias Non pour les habitants de l'île de Java, ne sait plus à qui accorder sa confiance. Son petit ami Agung reste bien sûr proche d'elle, il la protège de tous ceux qui cherchent à l'approcher pour des raisons obscures. Que ce soit le mystérieux chinois qui l'espionne, ou le docteur Van Voort, qui est intervenu de manière très opportune lors de l'incendie. Le couple décide de s'aventurer au cœur de la forêt pour rencontrer un shaman qui pourra leur en dire plus sur le livre de Centhini, un ouvrage écrit bien des siècles plus tôt, et qui regroupe les savoirs ancestraux de Java. Jeanne espère y trouver des explications sur ses origines et sur les années que sa mère, la très célèbre Mata Hari, a passées sur l'île. Pendant ce temps, l'inspecteur Bitterheid entre directement en contact avec Van Voort alors que ce dernier s'apprête à démarrer l'autopsie du corps de De Jong. Il soupçonne le médecin d'être impliqué dans les meurtres de femmes hollandaises qui terrorisent les colons. Les chemins vont alors progressivement se rapprocher. Jeanne touchera du doigt les forces mystérieuses qui commandent aux événements. La folie des hommes va entrer en résonance avec l'histoire de Java...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La progression des explications dans ce second tome était attendue, après de très nombreuses pistes restées ouvertes. Les scénaristes Cyrus et François Debois apportent une trame cohérente à l'ensemble de l'univers mis en scène, dans lequel chaque personnage va trouver sa place. Le déroulement plus serein de cet album de clôture s'en ressent, il permet au lecteur de s'imprégner de l'univers de mystère et de confrontations individuelles mis en place. Si la touche de magie, et donc d'explications improbables, reste présente, le récit devient totalement cohérent. Il remet en selle chacune des informations du premier tome. Bien évidemment, le plaisir de retrouver le trait très élégant d'Annabel est un atout pour ce diptyque. La dessinatrice, dont les influences sont un mélange de Laurent Vicomte et de l'américain Barry Windsor Smith, donne une touche parfaitement d'époque à ce récit du siècle dernier, et soigne chacune de ses cases avec finesse. On sent énormément de potentiel et autant de retenue dans son travail fouillé, mais sans débordement. Elle est l'atout majeur de cette aventure. On suivra avec grand intérêt chacun des futurs projets de cette artiste encore peu connue, mais dont la personnalité et la cohérence devraient inspirer bien des scénaristes...