L'histoire :
Jeanne est la fille de Margaretha Zelle, plus connue sous le nom de Mata Hari. La vielle artiste, qui attend son exécution en prison, a été une célébrité aux quatre coins du globe, avant d'être soupçonnée d'espionnage en faveur de l'ennemi allemand. En ce jour de 1917, Jeanne va annoncer à sa mère, qui l'a délaissée des années plus tôt, qu'elle quitte Amsterdam pour redémarrer sa vie à Java, loin de la réputation sulfureuse et dissolue de Mata Hari. Sa mère la supplie de renoncer à son projet, mais comprend que rien ne la fera changer d'avis. Elle fait alors en sorte que sa vielle amie Anna remette à la jeune fille une lettre avant qu'elle embarque pour Jakarta. Débute alors pour Jeanne une série de rencontres imprévues, d'abord sur le bateau puis à son arrivée au port. Dès sa descente de bateau, elle est en effet arrêtée par les autorités qui la soupçonnent d'espionnage, prenant la fameuse lettre comme pièce à conviction. Alors qu'elle tente d'expliquer son innocence au représentant des forces de l'ordre des colons hollandais, une violente explosion les projette tous à l'eau. Jeanne perd connaissance. Lorsqu'elle se réveille dans un dispensaire de la Croix-Rouge face à un très beau jeune homme prénommé Agung, elle fait une incroyable découverte...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà un album aussi joli à regarder que compliqué à suivre, promenant son héroïne Jeanne d'un endroit et d'une rencontre à l'autre, sans beaucoup d'égards pour le lecteur qui a du mal à s'y retrouver. Le scénario, qui consiste à imaginer la vie de la fille de Mata Hari, dont on imagine qu'elle va recouper l'expérience de sa mère, semble a priori intéressant , pour peu qu'on connaisse un peu tout ce que l'imagination des médias du début du XXème siècle a fait courir sur la courtisane devenue espionne présumée. Les auteurs tentent ainsi d'injecter dans l'histoire de Jeanne Zelle une touche de mystère, voire de pouvoirs surnaturels, mais ils le font sans avoir préparé le lecteur à ces découvertes surprenantes. Si bien que lorsqu'une main s'enflamme, on se demande si effectivement on doit bien comprendre que le feu vient de prendre tout seul. Une sorte d'hésitation survient lorsque ce qui semblait être un récit d'espionnage sur fond historique bascule dans un récit initiatique sur fond de magie. S'y ajoute une curieuse mutation de voix off : celle-ci encadrant le récit change de personnage sans prévenir. Cela aussi vous fait quitter illico la forêt javanaise pour revenir à la dure réalité des 48 pages papier qu'il va falloir reprendre pour retrouver ses petits. Il manque beaucoup de ressorts narratifs et une certaine science des enchaînements pour que cet album coule tout seul. Alors pour profiter pleinement des belles pages que propose la dessinatrice Annabel, prenez tout votre temps. Découvrez lentement chaque page, analysez chaque changement de décor, sous peine d'abandonner Jeanne à son sort après 48 pages, alors qu'elle est plutôt en mauvaise posture...