L'histoire :
Bien après la seconde guerre mondiale, Hjalmar et sa femme sont dans un avion en provenance de Calcutta, à destination de Rome. Au cours du vol, le commandant de bord annonce la première escale à Tel Aviv. Sa femme se crispe et demande si elle a bien entendu. L’hôtesse de l’air leur annonce que c’est l’escale standard pour ravitailler l’avion. Dans le café de l’aéroport, un homme reconnait Schacht. Il manque de discrétion et attire l’attention sur le couple. Trois hommes reconnaissent directement l’homme et se demandent ce qu’il fait en Israël. Sauvé par le gong, les passagers du vol sont appelés à rejoindre l’avion. Dans l’ombre, un des trois hommes se présentant comme Jacob Lieber, agent du Mossad, réussit à prendre place dans l'avion, à coté de Hjalmar. Jacob engage la discussion et par une habile manœuvre de négociation, invite Schacht à dépoussiérer ses souvenirs pour connaître l’histoire du « Banquier du Reich ».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
S’il n’était pas né allemand dans la période du IIIème Reich, Hjalmar Schacht aurait très certainement eu le nobel d’économie. L’homme est un « génie » de l’économie, il réussit à relever l’Allemagne après la défaite de 1918, malgré le lourd tribut exigé par les alliés. Instigateur du RentenMark puis du ReichMark, il est à la tête de la ReichBank. Homme de caractère, il est intégré dans les négociations de réduction des réparations de guerre mais se pose en opposition au gouvernement de coalition, et il démissionne. Hitler, en position de force lors des élections, lui trouve du talent et le nomme Ministre de l’Economie du Reich. Mais ce dernier reconnait la folie du Reichführer. Il va alors tenter un attentat, une action qui lui vaudra de sauver sa tête lors du procès de Nuremberg. La vie de l’homme est connue et publique. Cependant, les auteurs réussissent avec énormément de recherches historiques à montrer très clairement le « génie » de cet homme tout en dévoilant sa part d’ombre. Il n’y a pas besoin d’avoir un master en économie pour entrer dans cet album, car le duo de scénaristes Pierre Boisserie et Philippe Guillaume, sont rompus à la tâche. Ils ont effectivement suffisamment d’expérience BD dans le registre financier pour ne pas perdre le lecteur. Il faut dire qu'ils n'en sont pas à leur premier album historique sur le thème de la finance : déjà co-auteur de Dantès, ils ont aussi réalisé une histoire de La Banque, toutes deux aux éditions Dargaud. Dans un style réaliste, le trait de Cyrille Ternon est très soigné, ce qui augmente l’immersion dans le récit. Ainsi, cet album historico-financier, au contenu vulgarisé pour une large diffusion, permet de mettre un coup de projecteur sur un homme d’excellence à la réputation controversée.