L'histoire :
Au printemps 1983, le jeune romancier new-yorkais John Dillman est appelé au chevet de sa mère mourante, Agathe. Sur place, celle-ci lui fait comprendre qu’elle n’en a plus que pour quelques heures et qu’il faut absolument qu’elle lui révèle la vérité sur ses origines. En effet, elle n’est pas sa mère, mais sa tante et lui, en réalité ne s’appelle pas Dillman, mais Schoenfeld, et il est juif. Tout d’abord incrédule, John l’écoute religieusement. Elle lui raconte alors comment, dans les années 20, son père, un as du commerce nommé Alexandre Schoenfeld, développa toute une chaîne d’épiceries fines à Paris. Les affaires prospérant, la famille s’achetait ensuite une belle propriété périgourdine, où Agathe vécu les plus belles années de sa vie. Elle avait deux frères ainés : Benjamin, qui devait travailler aux côtés de son père, et Simon, galeriste sur le Faubourg-Saint-Honoré. Les années d’occupation allemande devaient alors perturber sérieusement le train-train familial. Tandis que Benjamin développait une usine de conserves de foi gras, Simon prospérait d’une tout autre manière : en collaborant pour racheter à bas prix les tableaux de juifs en fuite ! Or, une nuit, Agathe surprend une réunion secrète dans une grande et découvre que son autre frère, Benjamin - le futur père de John - appartient à la résistance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette nouvelle série s’annonce comme une grande saga familiale étayée sur l’Histoire du XXe siècle, notamment à l’époque de l’occupation allemande et de la Shoah. Apprenant soudain ses véritables origines juives, un héros écrivain de profession se met à enquêter pour découvrir la vérité sur sa famille. En préface, Agnès Bartoll, co-scénariste aux côtés de son époux Jean-Claude, explique que c’est un peu l’histoire de sa propre famille, romancée et arrangée pour les besoins inhérents aux rythmes de la BD moderne. Durant la première moitié en flashback de cet épisode pilote, le lecteur plonge progressivement dans les arcanes de la famille Schoenfeld, un peu à la manière des Secrets de Frank Giroud. Les années noires de l’occupation, véhiculant trahisons et dénonciations, sont en effet le terreau de moult vengeances et rancunes. La thématique des frères ennemis, l’un résistant, l’autre collabo, est évidemment une nouvelle fois très efficace. Puis dans la seconde partie, retour au présent, où John poursuit son enquête « contemporaine » (les années 80)… dont le principal reste à être dévoilé dans les 2 épisodes à venir. Les Bartoll ont confié le dessin à Cédric Hervan, qui avait jusqu’à présent beaucoup travaillé en ligne claire, façon Jacques Martin (plusieurs Voyages d’Alix + le Alix t.25 : C’était à Khorsabad). Ici, il s’affranchit de ce registre ultra-classique pour proposer un dessin semi-réaliste convaincant, impeccable dans tous les secteurs (décors, persos, cadrages, découpage), idéalement colorisé (par lui-même), bref très agréable !