L'histoire :
Sur son lit de mort, la mère de John Dillman, écrivain américain, lui fait d’importantes révélations sur ses origines familiales. Elle n’est pas sa mère, mais sa tante, et lui est le dernier descendant de la famille juive Schoenfeld qui a vécu spoliation et déportation durant la seconde guerre mondiale. Pour comprendre et rattraper éventuellement le peu de famille qui lui reste, John s’est alors rendu dans le petit village français de Rabaillac, dans le sud-ouest de la France. Il s’aperçoit alors que la famille Auberoche, parmi laquelle Georges est devenu maire, possède aujourd’hui la conserverie et les propriétés que ses aïeuls avaient bâties avant guerre. En 1944, à l’heure où les alliés débarquaient en Normandie, Benjamin Schoenfeld – le père de John – s’était en effet secrètement engagé dans la résistance. Arrêté et torturé par la Gestapo, il n’avait jamais parlé et avait été laissé pour mort. Puis, tandis que la tante Agathe promenait sa nièce Alice et son neveu Jean en poussette (futur John, donc) dans la campagne environnant le domaine de Rabaillac, une descente de la Gestapo avait arrêté et déporté le reste de la famille. En cause, le « bon ami » notaire Auberoche avait dénoncé ce « sale juif », pour mieux s’approprier ses biens…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ça partait pourtant bien… Inspiré par la réelle tragédie familiale de son épouse, Jean-Claude Bartoll mettait en place, dans le premier volet, la toile de fond d’un thriller historique à la manière des Secrets de famille de Frank Giroud. Dans un autre registre, la conserverie familiale qui a traversé les âges n’était pas non plus sans rappeler les Maîtres de l’orge. En plus de présenter explicitement le contexte et les personnages, ce premier tome était agréable et prometteur d’une trilogie annoncée. Ce faisant, le scénariste s’adonnait à un exercice de Mémoire désormais usuel : durant la guerre, de vils collabos ont dénoncé des juifs pour s’approprier leurs biens, tandis que de courageux résistants subissaient la torture de la Gestapo. En plus d’être mal fagoté et cousu de fil blanc, ce second opus insiste lourdement sur cette vision ultra-caricaturale des choses. En outre, comme interprétés par de mauvais acteurs, les personnages cabotinent, en font des tonnes dans le pathos et perdent toute crédibilité. L’intrigue se déroule sans grande inspiration, jusqu’à un final bancal au possible. Car oui, au lieu d’une trilogie, la série se termine bien avec ce second tome, en 53 planches. Le ratage du scénario est-il la cause ou la conséquence de ce raccourcissement ? Dommage car cette série permettait au dessinateur Cédric Hervan de montrer une autre palette de son coup de crayon semi-réaliste, en dehors des univers de Jacques Martin…