L'histoire :
Le 19 novembre 1971, dans un bar en haut d’un building de Portland, un certain Dan Cooper – la quarantaine, beau gosse, costard impeccable, lunettes de soleil – peaufine un plan qu’il a échafaudé depuis des semaines, en compagnie de Sally, une amie qu’il a rencontrée quelques jours seulement auparavant. Il a en effet mis au point un piratage aérien qui réclame que tout obéisse à une mécanique de précision. A la fois sous le charme de son élégance et du pognon dont elle va bénéficier, Sally semble toute disposée à lui obéir aveuglément. Ledit Dan Cooper a anticipé son déménagement. Il a pris un aller simple à bord du vol 305 de la Northwest Orient Airlines pour l’aéroport de Tacoma (Seattle), à bord duquel il montera avec une mallette. Il confie à Sally un sac, dans lequel se trouve un parachute. Sally devra prendre le même vol que lui, feindre totalement le connaître et lui laisser le sac à bord, en descendant de l’avion à l’arrivée. Pendant le vol, Dan Cooper tend calmement un petit papier à l’hôtesse et lui demande de l’apporter au pilote en toute discrétion. Et il lui montre le contenu de sa mallette : une bombe. Sur le papier, les instructions sont claires : à l’arrivée, il veut 200 000$ en coupures de 20$, 4 parachutes et le plein de l’appareil pour redécoller immédiatement vers le Mexique. Les autorités obéissent…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est l’histoire d’un braquage authentique, rocambolesque et… réussi ! Réussi, car depuis qu’il a été exécuté en 1971, le FBI n’a jamais retrouvé ni le pirate de l’air, ni les 200 000 $ dont il s’est emparé en sautant en parachute depuis un avion de ligne, au Nord-Ouest des USA, après avoir pris en otage les passagers et menacé de les faire exploser en plein vol. L’affaire a été classée sans suite par les autorités en 2016, après 45 ans de recherches infructueuses. Le scénariste Jean-Luc Cornette s’empare de cette histoire qui excite moult théories depuis 50 ans, pour proposer une version plausible – mais évidemment fictive, puisqu’on ne sait rien ! Il y a une sorte de mise en abyme dans le traitement de cette affaire : c’est en effet l’histoire en BD, d’un pirate qui a pris pour pseudo le nom d’un héros de BD : Dan Cooper ! On suit ici le pirate dans sa préparation, aidé d’une amie, puis dans l’exécution folle et quelque peu chahutée de son plan infernal, puis les jours qui suivent. Si la première partie s’étaye sur ce qu’on sait du piratage, la seconde partie de l’album est totalement issue de l’imagination de Cornette. Le dessinateur Renaud Garreta ajoute la crédibilité idoine à ce braquage qui restera sans doute à jamais mystérieux, à l’aide de sa griffe réaliste, cette fois encrée, inscrite dans un découpage idéalement séquencé pour tenir les lecteurs en haleine.