L'histoire :
Théo Papoutsonoukadar, alias « le grec », est commissaire principal à Paris. Blasé, pugnace, intègre, rompu aux plus vils instincts de ses pairs, il enquête aujourd’hui dans le milieu des barbus, c'est-à-dire les groupuscules intégristes musulmans susceptibles de commettre un attentat sur le sol français. Cela n’est peut-être pas exactement du ressort de la police, mais le grec fait ce qu’il doit faire. Au cours de l’interpellation musclée d’un gang entier, un islamiste gravement blessé, un « gaulois converti », demande à parler personnellement au grec. En général, le grec se fiche éperdument de ce genre de requête, mais le nom français l’interpelle : Marcel Guérini. Il y a plus de 30 ans, Théo, alors prétendant à l’équipe olympique de lutte gréco-romaine, s’entrainait avec Guérini. Le grec savait que Marcel avait ensuite versé dans le trafic très lucratif de produits dopants, mais pas qu’il s’était converti à la cause islamique. Avant de clamser, Guérini transmet un « petit carnet » à son ancien ami. A l’intérieur, sous forme codée, des fournisseurs, des utilisateurs, des quantités de produits dopant destinés à l’amélioration de l’exploit sportif. A peine le grec est-il sorti de l’hosto, le carnet en poche, qu’il est agressé par 3 hommes de main de Robert Bénito, à priori en affaires avec Guérini…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir baladé ses désillusions dans le milieu du proxénétisme, le Grec revient et se frotte cette fois aux dérives du dopage (sportif, professionnel…) et passablement de l’extrémisme religieux. D’une vague enquête sur des « barbus » islamistes, le héros dérive en effet rapidement sur un filon de fourniture de produits dopants. Mais l’enquête en soi passe au second plan : le sujet de la dope est surtout l’occasion, pour le personnage de flic animé par Al Coutelis, de balancer une palanquée de discours désabusés sur le grand-spectacle sportif en tant qu’opium du peuple. De fait, les personnages sont souvent cadrés sous diverses coutures, le temps qu’ils débitent leurs visions blasées et dépitées sur les perversions navrantes de la société humaine. Sur ce canevas répétitif, souvent mis en scène sans décors, le dessin réaliste et encré, très spontané et griffe de l’auteur, a logiquement tendance à s’étioler. Hélas, toutes ces grandes leçons de vie, qui confinent à une forme de militantisme, sont assénées dans un désordre bavard et un peu pompeux. En outre, étant donné que les dialogues, nombreux et pesants, usent et abusent de l’argot inhérents aux polars noirs, l’intrigue centrale s’avère souvent peu limpide à suivre. A l’exception d’une séquence de baston totalement muette (et bien longue, par rapport au reste), ce tome 2 ressemble donc à un catalogue d’échanges et de points de vue désabusés. Dommage, un chouya d’ordre et de rythme eut plus pertinemment porté un propos fort intéressant…
